Jeu de Paume 1 Place de la Concorde 75008 Paris France
Les photographies d'Alec Soth puisent leur racine dans la tradition de Walker Evans, Robert Frank et Stephen Shore. Sa représentation du quotidien met en scène les idéaux d'indépendance, de liberté, de spiritualité, et d'individualisme de la société américaine.
L'EXPOSITION
L’exposition rassemble 80 photographies. Une sélection de ses deux séries les plus connues, Sleeping by the Mississippi (2004 / 23 photographies) et Niagara (2006 / 16 photographies), est présentée dans le cadre de cette exposition. Elle est complétée par des photographies extraites de la série Dog Days, Bogotá (2007 / 24 photographies) et de son travail en cours de réalisation, Portraits (17 photographies).
Sleeping by the Mississippi
Cette série, réalisée en 2004, est le fruit de plusieurs voyages sur les rives du Mississippi, qu'Alec Soth nomme "la troisième côte des États-Unis". Ces photographies couleur, en grand format, présentent les images éclectiques d'un parcours initiatique, illustré par des paysages, des intérieurs, des portraits, objets ou souvenirs personnels, d'où émane un sentiment de solitude, d'attente et de rêverie.
Soth fait allusion à la maladie, la procréation, la race, le crime, l’apprentissage, l’art, la musique, la mort, la religion, la rédemption, la politique, et le sexe facile. Comme Les Américains de Robert Frank, Sleeping by the Mississippi allie le style documentaire à une sensibilité poétique. Hors de tout concept rigide ou idéologique, la série a été créée dans l’esprit Américain par excellence, du désir de voyager.
À propos de cette série, Alec Soth déclare : "Je veux que la suite d’images donne l’impression d’un songe lucide, une sorte de divagation rêvée que l’on ne comprend pas totalement, mais qui semble également avoir du sens".
Niagara
Après sa première série consacrée au Mississippi et saluée par la critique, Alec Soth s’attaque à un autre monument des États-Unis, que sont les chutes du Niagara.
Comme celles de Sleeping by the Mississippi, les images de Niagara montrent moins les merveilles de la nature que le désir humain. Après un travail de deux années, de part et d'autre de la frontière entre les États-Unis et le Canada, Soth nous livre un ensemble complexe où se côtoient les chutes, des couples d’amoureux, des parkings de motel…, auxquels s’ajoutent, dans le livre, des lettres d'amour.
Entre passion et déception, ces images dressent un portrait remarquable de l’amour moderne et de ses séquelles.
Dog Days, Bogotá
Cette série de photographies est réalisée pendant les deux mois où Alec Soth séjourne à Bogotá, avec sa femme, pour adopter une petite fille nommée Carmen.
La mère biologique de Carmen avait réalisé, pour sa fille, un livre composé de lettres, de photographies et de poèmes, dans lequel elle avait écrit : "J’espère que la violence du monde ne va pas heurter ta sensibilité. Lorsque que je pense à toi, j’espère que ta vie est pleine de choses magnifiques".
Après avoir lu ces mots, Alec Soth commença la réalisation d’un livre pour Carmen. Il y témoigne, en dépit de la violence, de la beauté cachée de sa ville natale et nous révèle la beauté d’un monde fait d'architecture délabrée, de compagnie animale et d'humanité.
Portraits
Cette dernière série est composée de photographies couleur, grand format, réalisées tout au long de la carrière d’Alec Soth. Elle regroupe des portraits d’inconnus, glanés durant ses voyages, ainsi que des portraits d’artistes réalisés aux États-Unis ou lors de ses récents séjours en Islande, Allemagne, Canada, Brésil, Chine ou Grande-Bretagne.
Plutôt que de photographier sa famille, ses amis ou simplement ce qui lui est familier, Alec Soth privilégie les portraits de personnes qui lui sont étrangères, et la complexité des rapports humains. Grâce à son extraordinaire habilité à saisir la psychologie de ses modèles, ses photographies évoquent de véritables paysages intérieurs.