Galerie Michel Rein 42, rue de Turenne 75003 Paris France
La galerie Michel Rein est heureuse de présenter la quatrième exposition personnelle d’Allan Sekula. Sa dernière série de photographies Shipwreck and Workers a été montrée à la dernière Documenta de Kassel (commissaires Roger Buergel et Ruth Noack, 2007). Deux expositions rétrospectives de l’artiste sont en préparation aux Etats-Unis et en Europe: à la Renaissance Society de Chicago (2008) et à la Zacheta Gallery de Varsovie (2009).
Notes pour l’exposition à la galerie Michel Rein, 2008
-Shipwreck & Workers (Naufrage et Travailleurs) : il s’agit de photos d’un monument « portable et temporaire » dédié au travail, récemment installé en version extérieure dans Bergpark, sous le monument d’Hercule, à Kassel, pour la Documenta 12 (2007). Le “Naufrage” flottait sur un radeau dans le bassin de Neptune. Le visiteur devait gravir 500 marches pour voir les autres photos installées de part et d’autre de l’escalier monumental. «C’est du travail de regarder le travail». Douze photos de travail et de travailleurs qui rappellent les douze travaux d’Hercule, le fou stakhanoviste de l’Antiquité. Par contraste, qui oserait ériger un monument à Médée ? Museum guards (Gardiens de musée) -l’un est poète, le second dessinateur de bande dessiné- ils travaillent à la Henry Art Gallery de Seattle, où Fish Story a été exposé en 1999.
-Travailler plus pour gagner plus : 3ème opus d’une série de photos où des phrases formées de lettres découpées sont apposées sur une image d’un soudeur de chantier naval découpant de l’acier à Ensenada, Mexique (photo originale, 1996, de la série Dead Letter Office, montrée à la galerie Michel Rein en 1998). La première version Alle Menschen werden Schwestern (Tous les hommes deviendront sœurs) a été montrée à l’extérieur de la gare de Kassel pendant la Documenta 12. La seconde version s’intitule Los ricos destruyen el planeta (Les riches détruisent la planète). Ces phrases, véritables slogans pour le 21ème siècle, sont de rares occasions où Allan Sekula juxtapose directement l’image et le texte, alors que ses œuvres assuraient d’ordinaire une relative autonomie aux deux éléments.
-Etudes Laotiennes : Allan Sekula a visité Luang Prabang et la région alentour en octobre 2005 et janvier 2006. Pendant ces visites il a pris des images pour un film intitulé A short film for Laos (Un court film pour le Laos), ainsi que pour une série de photographies. Deux sont des diptyques : B-52 crater, qui montre un cratère creusé par une bombe dans la Plaine de Jarres, une région du Laos encore marquée par les bombes lâchées pendant la guerre du Vietnam. Whisper (Murmure) est le portrait d’une villageoise laotienne murmurant à l’oreille d’une amie. Décrivant ces images, Sekula écrit: « B-52 crater est la 3ème photographie que j’ai faite sur le modèle du “split-basin” (bassin divisé), c’est à dire une dépression de terrain circulaire prise à l’oblique, de sorte qu’elle apparaisse ovale ou elliptique, et divisée en son centre par le cadre. Les deux autres sont Doomed Fishing Village of Ilsar (1993) de la série Fish Story et Oil Recovery Pit, Lendo (2002) de Black Tide. La division de l’image par le cadre est une façon de ”domestiquer” un élément topographique, en lui donnant plus ou moins l’air d’un évier de cuisine. La violence résiduelle rendue par B- 52 crater, la trentaine d’années qui sont passées depuis le choc assourdissant des explosions (on s’estimait heureux si on perdait seulement un tympan), mène à Whisper, un moment inaudible d’une conversation privée entre deux villageoise laotiennes. C’est une des nombreuses photographies que j’ai faites dans lesquelles entendre ou parler prend une place centrale comme dans Dockers listening (1999) de la série Freeway to China. »
L’exposition sera complétée par la projection du film A Short Film for Laos (2006) présenté à la dernière Biennale d’Istanbul (cur. Hou Hanru, septembre 2007). « On peut dire que c’est un essai sur ce dont le monde est fait, c’est-à-dire l’eau et le feu, le fer et la terre. Ironique, compatissant et d’une simplicité désarmante.» Olaf Möller, Film Comment, janvier 2008.