« Je suis parti de peu de choses, une vie qui était une course sans destination précise mais qui laissait le champ libre à l’excès. Le désir était omniprésent mais étouffait dans le manque. J’ai voulu me reconstruire par l’exil. À dix-sept ans, j’ai vécu la rue. J’ai fui cette violence dix années durant. Le désir en creux. J’en porte les cicatrices à jamais. J’ai vécu sous couvre-feu émotionnel le désir du monde, impuissant à sortir de mes propres peurs qui étaient de l’ordre de la fascination
de la chair. Une obsession immobile et frigide était le moteur de cette fuite frénétique. Ceux qui vivent en marge, qui s’injectent la vie à doses de chimie cinesthésique, qui vendent leur corps aux moins offrants, m’ont appris, lentement,
à accepter la douleur et le plaisir comme le seul choix possible. Le désir du monde ne peut être que d’ordre sexuel. Le désir du monde n’aboutit pas. Le désir du monde est un face à face solitaire où chacun doit affronter ses propres démons. »
Avec passion, avec rage, quelquefois avec crudité, Antoine d’Agata refait son parcours d’homme et de photographe, d’homme-photographe. Il raconte les combats qu’il mène avec (contre) lui-même et avec (contre) le monde pour parvenir
à exister dans l’intégrité de ses choix et de son désir. Avec Antoine d’Agata, la photographie ne se sépare pas d’une forme de présence-absence au monde : elle « fait corps » avec une quête de vivre jamais achevée.
Ce livre s’adresse à tout public s’intéressant à la photographie et aux photographes, et par-delà, aux rapports que
l’artiste (ou l’auteur) entretient avec son oeuvre.
Antoine d’Agata, photographe de renommée internationale (Agence Magnum), est l’auteur de plusieurs ouvrages de photographie.
Christine Delory-Momberger, professeur à l’Université Paris-13/Nord, a écrit de nombreux livres et articles
sur l’(auto)biographie.