« Architecte DPLG de formation, Estelle Lagarde se consacre depuis plusieurs années à la photographie. Elle a remporté la Bourse d’aide à la création de la Fondation Ecart Pommaret en 2007 et réalise diverses expositions personnelles et collectives à Paris. Ses œuvres ont été exposées récemment, en 2007, sur le salon d’Art MAC 2000 et l’une de ses séries « Femmes Intérieures» figure sur le site de l’agence londonienne : « Millenium Images ». Estelle Lagarde est actuellement suivie par Dominique Charlet, agent d’artistes photographes.
Dans sa nouvelle série, « Contes Sauvages », des visages masqués, emplumés, munis de longs becs phalliques d’oiseaux ou de masques à têtes d’animaux font apparaître les sujets photographiés comme dans une farce, une parodie de l’existence. Tels des fantômes, esprits déguisés, ces êtres étranges apparaissent dans les vastes salles d’un château dont les portes et les fenêtres ont été fermées. Seuls les murs et les fragments d’une coupole, vestiges d’une décoration ancienne, restent le témoin d’un temps et d’une époque. Dans les photographies d’Estelle Lagarde, les sujets apparaissent tels des êtres fantomatiques, insaisissables. Comme les lieux, les personnages se mettent en scène, témoins d’un passé, d’une architecture, fantômes ou spectres que la photographe arrive à percevoir dans les fatras de la déconstruction du décor. Ces hors champs sont marqués par une mystérieuse présence occulte.
Barthes parle du spectrum de la photographie qui « garde à travers sa racine un rapport au « spectacle » et y ajoute cette chose un peu terrible qu’il y a dans toute photographie : le retour du mort1. » Pour Roland Barthes, l’art photographique se rapproche davantage du théâtre que de la peinture : « la photo est comme un théâtre primitif, comme un tableau vivant, la figuration de la face immobile et fardée sous laquelle nous voyons les morts2. »
Garance Cappatti