Couverture du livre de Gregoire Eloy
LES OUBLIÉS DU PIPELINE, un travail photographique réalisé en 2006 sur les communautés de déplacés des conflits du Caucase et d’Anatolie des années 90, le long de l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilisi-Ceyhan), deuxième oléoduc au monde, à travers l'Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, des rives de la Mer Caspienne à la Mer Méditerranée.
Le pipeline n’est pas visible. Il est sous terre, sécurité oblige. À la surface, dans un décor de banqueroute soviétique, la situation des 600 000 déplacés du Haut Karabagh en Azerbaïdjan, des 250 000 déplacés d’Abkhazie en Géorgie, et des centaines de milliers de déplacés kurdes en Turquie empire de jour en jour. 15 ans après la fin des conflits, les familles attendent leur sort dans des hôtels abandonnés, dans des camps de réfugiés, dans des villages détruits. Les retraités finissent leurs jours dans des wagons à marchandises, les enfants naissent réfugiés et ne s’intègrent pas. Ils vivent isolés, entretenus dans leur rêve illusoire d’un retour au pays. Ils sont otages de conflits non réglés. Le coup de projecteur médiatique autour de l’inauguration du BTC ne soulèvera pourtant que peu d'intérêt pour cette situation. Même les ONG ne sont plus sur le terrain pour soulager, manque de financements. La logique économique est impitoyable.
Le monde a besoin de carburant. Alors que le pétrole coule silencieusement dans le ventre du pipeline BTC, à la surface plusieurs centaines de milliers de personnes sombrent dans l’oubli. "Nos sociétés post-industrielles ont bâti leur prospérité sur l’exploitation d’une énergie dont nous ne savons rien : le pétrole. Nous ne sommes pas spectateurs de son extraction puisque les ressources dorment en des lieux éloignés des espaces où on les consomme. Les oléoducs, serpents d’acier, corrigent ce malheur : ils acheminent la pâte précieuse de son berceau souterrain jusqu’à la bouche des Molochs." Sylvain Tesson, extrait
(...) Le pétrole coule de la Caspienne à la Méditerranée et plus d’un million d’hommes, de femmes, d’enfants errent le long de ce pipeline de près de deux milles kilomètres. Déplacés, déracinés du fait des guerres. Au rebus, comme les trains désaffectés, les hôtels abandonnés, les immeubles en ruines dans lesquels ils s’abritent. Ils sont l’une des hontes de notre société de profits.
Puissent les photos de Grégoire Eloy hanter nos pensées lorsque nous roulons sur les autoroutes, nous nous arrêtons sur les aires de repos, pestons dans les embouteillages et quand nous lisons les cours de la bourse… Michel Christolhomme
Pour Que l’Esprit Vive
Grégoire Eloy a réalisé un premier travail le long des nouveaux contours de l'Europe et poursuit depuis ses reportages dans les pays de l’ex-Union Soviétique et de l’Asie Centrale sur des thèmes liés à la mémoire et à l'héritage soviétique. Il est lauréat de la Bourse du Talent 2004 (Photographie.com, Kodak, Picto, Prophot) en catégorie « reportage ». Son travail a été exposé en France (Galerie Fait et Cause 2007, Espace Confluences, 2006), en Pologne (Festival de Lodz 2005 et Transfotografia à Gdansk en 2007) et a fait l’objet de publications en Russie (Ogoniok), en France (Courrier International) et en Pologne (FotoPozytyw). Il a rejoint le collectif LUCE www.luce-photo.com depuis janvier 2007. Sa série sur Les Oubliés du Pipeline a été projetée à Visa pour l'Image en septembre 2007 et a été exposée à la Galerie Fait et Cause à Paris en octobre novembre 2007.
Photographies visibles sur www.gregoireeloy.com
*LES OUBLIÉS DU PIPELINE (parution avril 2008)*
Images Plurielles Éditions
Photographies & textes Grégoire Eloy
Préface Sylvain Tesson
Avec le soutien d’Amnesty International
Format 26x26 cm
144 pages
70 photographies en noir et blanc
ISBN 978-2-9529228-3-8
Prix public : 30 euros