Studio Pin-Up 23 avenue Jean Moulin 75014 Paris France
« La nostalgie est indissociable de la beauté et de la vie. Elle n’est pas nécessairement un sentiment triste puisqu’elle célèbre toutes les émotions humaines. » Jacques Olivar
Je suis né à Casablanca , je n’ai connu ni Michael Curtiz , ni Humphrey Bogart , ni Ingrid Bergman .
Mais j’ai respiré l’odeur épicée des souks .
J’ai écouté parler arabe et goûté de leur sagesse .
J’ai dormi dans les grottes d’Agloo .
J’ai fait l’école buissonnière pour retrouver la chaleur des plages dorées de la corniche Casablancaise .
Ecouté des nuits entières , à la radio,les premiers accords de cette merveilleuse musique américaine , le Rock , si nouvelle , si fulgurante , elle semblait avoir parcouru des distances infinies dans la galaxie , relayée par les antennes des bases aériennes du nouveau monde stationnant au Maroc , et ceci à des millions d’années lumières avant d’envahir l’Europe .
On m’a enfermé dans une école , j’ai fait le mur . J’avais 8 ans et on m’a repris .
Je me suis sauvé à 9 ans , à 10 ans , à 11 ans , à onze ans et demi , à 12 ans.
Puis mes parents sont morts et plus personne ne m’a jamais repris .
De ma mère gitane et andalouse , j’ai hérité sa musique , et de mon père je n’ai rien hérité .
Alors je me suis mis en route .
Pendant ce temps Alfred Hitchcock tournait à Marrakech « L’homme qui en savait trop « faisant partie de ces chefs d’œuvre en Technicolor qui m’ont tant inspiré.
Icare m’a séduit un éclair , mais ses ailes ont fondu au soleil .
En chemin j’ai rencontré Isabel et nous avons fugué encore une fois .
En Crète j’ai fait de la musique et traîné sur les plages au sable ocre .
Vécu dans des maisons au sommet des monts Olympe avec leur vue Biblique .
Refait cent et une fois le monde avec mes pareils , vagabonds de l’arc-en –ciel.
Et ni mon fils , ni ma femme , ni moi-même ne sommes jamais retournés à l’école : zone de formatage et de clonage universel . J’ai coupé du bois et ramassé les olives des oliviers millénaires.
Et puis , surtout , Tanger .
Son vent d’Est , venu du fond de la méditerranée se heurte aux falaises des deux Caps et repart chargé de récits d’espions qui ont fait l’histoire , où s’entrecroisent dans de mystérieux trafics , des prostituées délicates , des jeunes gens très beaux , des écrivains illuminés , fous d’indépendance . Pour le jeune garçon que j’étais , c’est un spectacle inoubliable qui marque à jamais l’imaginaire adolescent .
Les banques éphémères , casinos et tripots clandestins où l’or des mafias coule à flots , où la contrebande se frôle à tous les coins de rue , à tous les coins de ruelle .
Où le Levant souffle jusqu’à déraison .
Où s’entrelacent vérités et mensonges sur une vertigineuse trame de tolérance .
Il y a eu Jean Genêt qui fût enterré à Larache .
Son ami le brillant et très sombre écrivain Mohammed Choukri .
Ainsi que les poètes de la Beat Generation , Timothy Leary , Jack Kerouac , Peter Orlowsky , Allen Ginsberg , William Burroughs , Neal Cassady .
Je les ai tous soigneusement rangés dans mes bagages .
Puis Paris m’a accueilli chaleureusement , avec tendresse , en enfant prodigue .
J’ai aimé faire des images et Paris les a aimées .
De Steinbeck je garde pour mes images les visages impassibles devant la fatalité .
De Tennessee Williams , l’image de la fragilité et de la solitude des gens du sud De Dos Passos , son amour pour le récit.
De Garcia Lorca , je garde la douleur cuisante de 4 poignards et des voix qui résonnent sur le Guadalquivir .
Sans eux je n’aurais probablement jamais fait de photographie , en tous cas , pas de cette façon là .
J’ai photographié des personnes admirables .
J’ai travaillé pour des personnes admirables .
J’ai côtoyé tout au long de mon parcours des personnages exceptionnels .
J’ai fugué à 9 ans , à 10 ans , à 11 ans , à onze ans et demi , à 12 ans , et cette fois , on ne m’a jamais repris .
Jacques Olivar
CITATIONS
Cold blood - Sang froid: les femmes de Jacques Olivar
Helmut Newton les présentait habillées ou nues, fières et orgueilleuses. Guy Bourdin les mettait en scène telles des railleuses, ambiance Sex and Crime. Juergen Teller provoque délibérément avec le concept de "white trash".
Les femmes de Jacques Olivar (né en 1941), elles, apparaisent telles des héroïnes de vieux films de la Metro Goldwyn Mayer à la belle époque du Kodacolor, tandis que drame et passion s'enchaînaient après le rugissement nostalgique du lion.
Cependant, les modèles qu'il met en scène semblent absent, solitaires, mélancoliques même. Ce qui donne aux photos d'Olivar leur caractère si particulier et filmique, c'est cette narration, condensée au coeur d'une seule image; qui nous pousse à composer nous même l'intrigue au gré de notre imagination. Peu de photographes sont capables, comme Olivar, originaire de Casablanca, de mettre en scène avec une précision minutieuse tout en laissant à la fois la liberté nécessaire pour imaginer à notre tour, notre propre roman photo. Olivar, tout comme Newton et Bourdin, maîtrise parfaitement l'art de l'insinuation, de la séduction visuelle et de la création du suspens qui nous pousse à observer ses photographies en nous interrogeant automatiquement sur l'avant et l'après de ces scènes immortalisées en quelques fractions de seconde.
L'art est souvent plus captivant lorsqu'il renvoie l'observateur à lui-même. Devant les photographies d'Olivar, nous nous posons encore et toujours les mêmes questions: les personnages féminins d'Olivar font-ils partie des millions de coeurs esseulés et languissant qui peuplent les grandes métropoles? Ou bien leur regard est-il à ce point absent car ils vivent un drame à ce moment précis ou sont sur le point d'en vivre un? Walter Keller
_______________
Fashion found its medium in photography. The constant transformation so characteristic of the fashion world is in photography always present and up-to-date and yet simultaneously outlives the times. This realization came to light during the fashion magazines’ heyday in the thirties and forties when the woman was discovered as a consumer good , laying the groundwork for today’s flourishing model cult . Since then, there have been many masters of the genre, but there are only a few that have maintained their presence over the decades.
Jacques Olivar is one of them. His portraits subtly tread a territory between fashion, pin-up, and Hollywood.
Every generation needs an updated version of the photographs one might traditionally find in a soldier’s locker or a sailor’s room, but Olivar decidedly widens this target group with his exquisite, upgraded pin-ups. These icons are there for all to take pleasure in; they are the contemporary form of glamour, a glamour that holds the fulfilment of longing and fantasy within reach without making it wholly attainable. Generations of surface virtuosos have perfected these icons, but the Casablanca-born Jacques Olivar is a principal among them, an expert in interaction with longstanding celebrity- status models.
Cindy Crawford, Monica Belucci, Sophie Dahl – they carry on the bedroom eyes, the pout, the lascivious sprawl, the seduction of slightly parted lips. These archaic charms are so expertly transported by today’s dream women that one could even believe they invented them. Dr. Boris von Brauchitsch
_______________
...."Jacques Olivar est un phénomène unique dans le monde de la photo de mode , dans le sens où tout en la servant admirablement , ses images évoquent dans un langage contemporain , la plus pure tradition Hollywoodienne, nous entraînant ainsi au cœur d’une fiction d’une grande force émotionnelle où sont toujours présents la beauté , la grâce et le mystère "..... Walter Keller ________________
- "Jacques Olivar seems to have a knack for bringing glamour to the least likely of places. Whether he's shooting in a traditionally beautiful setting or a piece of shit motel the outcome of casual elegance is the same ". Luke Lucas Nov , 2007