© Denis Darzacq, la chute n° 1.
CAP - Centre Atlantique de la Photographie Galerie du Quartz Square Beethoven 60 rue du Château 29000 Brest France
La Galerie du Centre atlantique de la Photographie de Brest propose les travaux de Denis Darzacq : une trentaine de photographies extraites de plusieurs séries en couleur réalisées entre 2004 et 2006 : Bobigny (2004), La chute (2006) et sera également projetée la vidéo « 29 vidéophones, Bobigny Centre ville » réalisée à partir d’un montage de 29 courtes séquences prises avec un téléphone portable par Geoffrey Sorin, un jeune habitant de Bobigny.
De 2004 à 2006, Denis Darzacq a concentré son travail personnel sur la banlieue, d'abord en réaction contre l'imagerie dominante et caricaturale de la “racaille”, puis en développant, à partir de ses rencontres, une réflexion sur le corps dans la ville. Comme à son habitude, Denis Darzacq a procédé par séries.
Il a commencé à Bobigny, alternant portraits, scènes de groupe, entrées d'immeubles dévastées, mais aussi la présence, souvent étrange, de la nature dans la ville. Ce travail, serein et digne, est accompagné de 29 courts vidéophones, tour à tour graves ou désopilants, réalisés avec Geoffrey Sorin qui a filmé avec son téléphone portable. La rencontre sur le terrain avec Marie Desplechin a abouti au livre " Bobigny centre ville " (Actes Sud) qui rompt radicalement avec les visions superficielles de la banlieue. Humain, tendre mais sans complaisance, l'ensemble nous propose une immersion dans la ville et sa population, dans sa diversité, dans ses moments d'intensité aussi bien que d'ennui.
Comme une suite logique à cette exploration d'un territoire périphérique, la série “La chute” met en scène les corps en apesanteur de danseurs de Breakdance, de Capoeira et de danse contemporaine.
Très pures, évitant aussi bien la pose habituelle du genre que la description, ces photographies qui mettent en valeur la performance physique dans sa perfection, mais aussi dans ses déséquilibres, mêlent une incroyable énergie au sentiment de la possible perdition. De fait, ces corps en apesanteur, qui ne sont jamais accompagnés d'ombre portée, deviennent des révélateurs de l'espace urbain. La réunion des deux séries est une proposition de rénovation du traitement documentaire de questions contemporaines qui sont, depuis toujours, au coeur de la réflexion de Denis Darzacq, tout particulièrement la ville et le corps.
La finesse du traitement de la couleur, la précision des cadrages, la pertinence du choix des localisations assurent la cohérence de l'ensemble, dans une belle tension entre engagement et esthétique.
Christian Caujolle
Dans un dispositif combinant portraits, architectures, groupes et surprenante présence de la nature, cette série propose un autre regard sur la banlieue. Pendant deux ans, Denis Darzacq est allé à la rencontre des habitants de cette ville de banlieue parisienne, à la fois si proche et si loin de sa vie ; une ville marquée par les enjeux sociaux et politiques de l’urbanisation rapide de la France d’après-guerre, qui est l’objet, comme bien d’autres cités populaires, d’a priori réducteurs qui alimentent peurs et malentendus.
Un jour de 2004, Marie Desplechin et Denis Darzacq se croisent par hasard à Bobigny, Amis de longue date, ils ont en commun une sensibilité probablement à l’origine de leur présence dans cette ville à la fois si proche et si loin de leur vie. Du hasard de cette rencontre est né Bobigny centre ville (Editions Actes Sud) qui mêle le récit à l’image. Bobigny centre ville est une histoire de destins, d’amitiés, de cultures, d’urbanisme, d’architecture, de Mémoire et d’utopie. Le récit est celui d’un écrivain sensible et tendre mais aussi lucide et critique ; les images sont celles d’un photographe au regard singulier qui, depuis longtemps, travaille sur la place de l’individu dans la cité.
Littérature et photographie se répondent, se déplacent et prennent place, sur la scène du réel. Bobigny centre ville nous invite à une promenade au cours de laquelle une romancière et un photographe ont su entendre le coeur des choses.
Ce travail photographique a été réalisé durant l’année 2004 à Bobigny. “Ici, Je me suis attaché à photographier des lieux de rencontre et de socialisation dans la ville : fêtes d’immeubles ou réunions informelles en bas des tours., réalités d’une vie de quartier” souligne Denis Darzacq qui précise également “Ce travail prolonge mon questionnement sur la place de l’individu dans la cité déjà abordé dans mes travaux précédents : les centres des villes moyennes dans la série des “Ensembles“(1999-2000), les zones pavillonnaires dans celle des “Nus“ (2003) et aujourd’hui, avec ce nouveau travail, les cités populaires”.
En dehors de toute actualité, je suis allé à la rencontre de jeunes gens des cités Paul Eluard, Karl Marx, Chemin Vert, de l’Abreuvoir et de l’Étoile. Je leur ai proposé de faire un portrait de chacun d’eux devant leur lieu de résidence. Je me suis également attaché à photographier la ville, ses cités, ses rues, ses paysages et plus particulièrement les entrées d’immeubles des grands ensembles. Celles-ci stigmatisent sur plusieurs décennies, les tentatives d’urbanisme et d’architecture qui se heurtent aux réalités d’une vie marquée par la violence sociale et le désespoir. Lors de ces séances de prises de vues, j’ai rencontré Geoffrey Sorin, un habitant de la cité Paul Eluard qui m’a montré des petites vidéos faites avec son téléphone, chronique vivante et pleine d’humour de la cité, remarquablement filmées. Je lui ai proposé de réaliser le montage de ces “vidéophones” et de présenter ces films avec mes photographies aux Rencontres d’Arles 2005.
Denis Darzacq
29 VIDEOPHONES – BOBIGNY CENTRE VILLE
Denis Darzacq propose ici une chronique quotidienne et inédite au coeur d’une cité. Réalisé à partir de 29 courtes séquences ( de 10 secondes à 1 minute 30) filmées avec un téléphone portable par un habitant de la cité, Geoffrey Sorin, ce programme nous fait entrer de plein pied dans l’intimité d’un groupe de jeunes habitants.
Si les images sont très pauvres -puisque filmées avec un téléphone - elles utilisent quand même le langage cinématographique et quittent parfois leur aspect anecdotique pour très vite devenir métaphoriques. On passe de sons réels à des musiques de films, accentuant l’idée de naviguer entre deux réalités. Avec ces vidéophones, j’ai voulu partir de documents bruts pour parler du quotidien de ces jeunes, avec leurs codes -y compris violents parfois - et leur langage. Mon travail a consisté à faire passer ces documents de la sphère privée à la sphère publique.
Denis Darzacq