
Lycée Hôtelier Georges Baptiste 41, route de Duclair 76380 CANTELEU (Rouen)
Du plus loin de mes souvenirs, une injonction de ma mère : “A table !”, m’arrachait immanquablement à mes occupations d’enfant. Je me rappelle le poids de son énorme livre de recettes “L’Art culinaire Français” qu’elle sortait pour concevoir, entrées, plats, desserts et entremets, à l’occasion d’un repas de fête. Je ne peux m’empêcher de penser à tous ces plaisirs de la table familiale.
De cette image ressurgie, comment ne pas revoir ce qui s’offrait à moi sur une aire de jeu nouvelle, où, à l’insu de mes parents, je poursuivais mes jeux avec les aliments qui composaient le rituel du repas.
Je ne savais pas alors, m’adonnant à mon tour à la cuisine, que j’en viendrai, à force de conserver depuis près de dix ans mes “Petits Rebuts”, à recréer “la carte” de mes plats imaginaires.
Aussi, ces images à la fois surréalistes et oniriques sont un hommage à Magritte et Delvaux. Ce dernier fréquentait “Comme Chez soi” l’excellente table de Pierre Wynants de la place Rouppe à Bruxelles. Les recettes illustrées de celui-ci émerveillaient mon imagination, par la sobriété des présentations et la richesse présumée des arômes qu’il mettait dans toutes ces créations culinaires.
Que de plaisirs, rêves et jeux nouveaux en perspective autour de ce cérémonial si l’on imagine qu’au cours de son existence, l’homme mange de 75 000 à 100 000 fois et y consacre 13 à 17 années de sa vie éveillée.
“Cuisiner, c’est raconter une histoire, c’est recréer le passé”
dit un proverbe suédois.
Interroger le passé, se nourrir au quotidien ou interpréter une “nouvelle cuisine”, c’est ce que j’ai tenté de réaliser, avec la complicité de mon scanner.
Dans ma cuisine, il y a le légume noble servant à l’élaboration du plat et les déchets qui n’honoreront pas le palais. Il était grand temps que ceux-çi trouvent enfin une reconnaissance. Une fois déshydratés, ils sont numérisés et une nouvelle cuisine s’opère ...
Pierre Olingue