Galerie Le Réverbère Rue Burdeau, 38 69001 Lyon France
Un pareil titre constitue ce qu'on appelle une assertion, autrement dit « une proposition que l'on avance et qu'on soutient comme vraie ». Personne ne me contredira.
Mais ça n'est pas si simple. L'usage veut qu'on ne fasse pas suivre un titre par un élément de ponctuation, le titre reste alors comme flottant. Mais supposons qu'on y mette un point d'exclamation: l'assertion se transforme en affirmation. Cela devient: « Et comment qu'elle est interminable, la photographie, rien ni personne n'y mettra jamais fin! » Pour la discussion, c'est une voie sans issue.
Avec un point d'interrogation, ça devient beaucoup plus intéressant : « Se pourrait-il que la photographie soit interminable? » Si vous répondez non, qu'elle n'est pas interminable, que se passe-t-il? Vous êtes là, vous vous promenez dans cette exposition, vous regardez les photos de Denis Roche, vous remarquez que beaucoup vous sont inconnues, les trois quarts en fait, que certaines relèvent d'un genre inhabituel chez lui, que les nus se sont étrangement diversifiés ces dernières années, que certaines images qui tendaient vers l'abstraction, y ont définitivement versé, que certaines ont du poser un sacré problème lors de l'accrochage... Et vous vous posez des questions.
Du genre: Denis Roche voudrait-il, par ce point d'interrogation, suggérer que sa pratique de la photographie pourrait être « terminable », qu'il se prendrait à rêver de son achèvement? A tout le moins, de son interruption? Allez savoir...
Vouloir répondre à cette figure nouvelle de l'énigme, c'est comme se retrouver, tard dans la nuit, dans une rue déserte, entre des rangées de maisons où tout le monde dort ; vous déambulez tranquillement et, tout d'un coup, vous avisez une boîte de sardines vide sur la droite. Vous hésitez, la tentation est forte de shooter dedans. Vous faites un pas de côté et – la tentation est trop forte- vous prenez votre élan et vous shootez dedans. Paf!
Denis Roche