Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions
Expositions du 14/11/2007 au 30/11/2007 Terminé
Galerie Celal 45 rue St Honoré, Paris
Il me parlait, alors qu'il résidait à Los Angeles et que je lui annonçais mon départ pour la Baie des Anges, à Nice, il me parlait de la lumière.
Quel photographe ne se considère-t-il pas, avant tout, comme ce capteur, précisément, de lumière ?
Certains peuvent se positionner j usqu'aux limites conceptuelles les plus absurdes, mais il faudra bien toujours que l'objectif s'ouvre et se ferme pour j ouer avec le plus infime photon !
Parmi nos pairs, il en est de forts habiles à ce jeu là et qui enchantent nos pupilles. M'adressant à des spécialistes ou à de fervents amateurs, je ne me permettrais pas, ici, d'en faire l'exégèse.
Alors pourquoi, cependant, parler de celui-là, arrivant de nulle part et repartant partout, ce Stéphane Tourné ? Quelles relations nouvelles réussirait-il à établir avec la lumière, alors qu'on imaginerait avoir tout dit, tout fait, surtout avec des modèles, des portraits ?
Tout d'abord, et bien qu'il ne soit plus le seul, il ose, le noir et le blanc, le blanc et le noir, et nous aimons cette fidélité à nos amours premières qui nous firent frémir d'émotions devant des gris très réussis.
Le Noir et Blanc, quelle classe !
Et ce qu'il ose, de surcroît, le bougre, c'est de photographier des noirs !
Des noirs en noir et blanc ! Facile, me direz-vous ! D'accord, allez-y, essayez et nous en reparlerons ! L'épiderme noir est magnifique, certes ! Encore faut-il réussir à déjouer les pièges de ses grains ! Affronter cela, réussir, est la preuve d'une grande maîtrise dans un Art, qui, malheureusement pour les amateurs, est aussi une sacrée technique.
Et d'en rajouter encore, notre Tourné, en introduisant le plastique, le coton, le riz, le lait, les dents, les ongles, l'eau, ces immaculés, valsant autour des anthracites, des gris qui jouxtent aux bruns, toute une palette de clairs-obscurs.
Voilà. Serait ce suffisant pour se déplacer j usqu'à la Galerie Célal, au 45 de la rue Saint Honoré, métro Chatelet, le 13 novembre 2007, y retourner peut-être, après le vertige du vernissage, contempler seulement le travail d'un virtuose ?
A celui-là, aussi doué soit-il, il faut une partition, un support, un prétexte qui lui servirait d'appui pour prendre son appel.
Où l'on revient alors à la peau noire. Comment dire ? A la négritude ? A la « black attitude » ? A l' africanité ? Mais ce peut être aussi des afro-américains ? Se contenterait-il, cet ancien mannequin, traversant comme beaucoup le miroir, de ne fixer que l'apologie d'une certaine « plastique », que l'on ne peut certes nier, mais qui risquerait fortement de nous lasser si ce n'était que cela.
Que disent-ils, ces épidermes noirs transfigurés par les stigmates crissants de blanc des lacérations plastiques ? Ces tétons magnifiques que viennent ourler de lait le coton d'un commerce qu'on voudrait équitable ? Ces bouches célèbres, descendantes des masques d'Ifé, affrontant la gueule des armes à feu ? Que dit-il, ce danseur somptueux dont les parures musculaires sont un vibrant hommage au ventre de sa mère ?
Que l'Afrique est si belle, ses peuples si magnifiques, ses cultures si infiniment complexes et ciselées dans l'infini des temps, que Stéphane ne peut, et peut-être nous avec, que s'incliner devant elle, en prière… Et c'est ainsi qu'il « shoote », en priant. Amin !
Nice, novembre 2007. Sylvette Maurin, critique en Arts Visuels.