Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions

«La nature d'Armyde Peignier est à la lisière de la ville: ce sont les espaces verts que les Bruxellois arpentent volontiers le week-end venu et parfois, un peu plus loin, les forêts de sa région natale en Lorraine. A distance des modes, la photographe choisit la cohérence d'un propos exigeant concentration et volonté. Point de sensationnel dans ses images, de choc visuel menacé par l'usure de la redite, mais un rapport nuancé au visible faisant écho à son approche de la vie. L'espace d'Armyde Peignier est un espace vécu, physiquement appréhendé et investi par l'imaginaire. La marche, relayée par l'appareil photographique, lui permet une réappropriation subjective du paysage; elle est un acte de liberté individuelle et de plongée au coeur des choses, ouvrant à un autre regard. Loin d'être inné, devenir mère est un apprentissage et l'occasion presque obligée de retrouver l'enfant en soi. Ce voyage, à reculons et à pas feutrés, dans un présent où la filiation fait se côtoyer le passé et le futur de manière si serrée, Armyde Peignier l'entreprend depuis le viseur de son appareil. Dans le vent, le froid, sous la pluie ou le soleil éclaboussant, le trio formé de la mère et de ses enfants apprend, par une cadence soutenue ponctuée de jeux échevelés – «une manière de faire les 400 coups ensemble» dit-elle –, à dénuder le mental et à se défaire du prêt à penser. Ses photographies gardent la trace d'instants partagés à explorer la vie, à affronter la peur de l'inconnu, seuls, sans carte ni cailloux et loin des sentiers balisés. Se perdre, voilà l'important, pour mieux se trouver… Apprendre la maîtrise de soi et faire corps avec la nature, dénaturée et fragile mais douée d'une force vitale peu commune, comme autrefois dans la pensée animiste. Un espace mythique qui se donne entier, intemporel et dégagé du familier. Armyde Peignier: «On se sent traversé par le frémissement de l'air, le bruissement d'une feuille, on ressent la moindre fluctuation de lumière. C'est une nécessité, un équilibre fragile, pour lequel on se met parfois en obligation de partir; une échappée qui aide à mieux réinvestir la vie citadine». (…)» Christine De Naeyer Extrait du texte du livre «Variations» d'Armyde Peignier,