Expositions du 19/09/2007 au 04/11/2007 Terminé
Hôtel Hannon 1, avenue de la Jonction 1060 Bruxelles Belgique
Jardin d'Eden, jardin des premiers émois, jardin secret, jardin courtois, dernier j ardin, il est l'expression de notre besoin d'organiser la «nature». Il exprime le désir humain de rendre beau, d'arranger, de dessiner, de façonner un espace de rêve, de repos qui nous protège d'un monde extérieur menaçant et hostile.
Un jardin nous promet calme et volupté, abondance et délectation et sa conception, son organisation spatiale, ses formes et couleurs nous révèlent les intentions même inconscientes du jardinier.
Cultiver son jardin pourrait aussi être une métaphore de l'acte photographique, car faire de la photographie ne consiste pas à faire de «belles» images, mais bien à saisir, à sélectionner des parcelles de réalité et à les réorganiser, les agencer suivant une pensée afin de créer un univers, de donner du sens.
Ce qui réunit les 4 photographes de cette exposition, c'est le lien profond et quasi quotidien qu'ils entretiennent avec le jardin. Ici, en effet, le jardin est leur atelier; qu'ils en soient le jardinier ou le gardien, c'est dans cet espace clos, délimité, qu'ils contemplent, à l'abri du brouhaha du monde extérieur.
Paul den Hollander, photographe et jardinier, nous entraîne dans son voyage botanique. Il nous montre une réalité visuelle qui surprend le botaniste et l'amateur d'art, puisqu'il s'agit d'un monde végétal qui leur est inconnu.
Ce monde, parfois très proche du jardin de vie du photographe lui-même, dépasse la réalité connue.
Dans ce travail, extrait de la série Metamorphosis, se côtoient vitalité et intimité, vulnérabilité et fragilité, un intérêt pour ce qui paraît simple, pour le temps s'écoulant au fil des saisons. Jardinier et photographe sont intimement liés.
Dans un travail précédent intitulé Les Pyramides du Nord, Paul den Hollander mettait au jour des images de traces industrielles presque entièrement effacées, ayant subi les outrages du temps.
De même, dans son travail Voyage Botanique, il recherche des traces du passé, tentant de percevoir ce qui fut autrefois vert et vivant.
À présent, Paul den Hollander nous invite à contempler un instant de vie paisible dans son jardin.
Le jardin est sa source de vie, un endroit tellement différent, où la beauté fait face au monde pollué, où Paul bêche, sème, plante et récolte de ses propres mains.
Au fil du temps, le regard de Paul den Hollander sur son jardin a évolué. Désormais, une motivation intérieure lui a ouvert les portes d'un espace où imagination et intimité sont intenses.
Les photos de Paul, dans leurs couleurs et leur vulnérabilité, portent en elle une irrépressible nostalgie pour le paradisiaque et la légèreté, à l'heure de la vie, à l'heure de la disparition. Gudrun Köhler
Les jardins du silence (à propos du travail de Lucia Radochonska et Jean-Louis Vanesch)
C'est un jardin qui fut longtemps de campagne et qui se trouve aujourd'hui à la lisière de la ville. Un jardin très simple et qui pourrait paraître bien ordinaire. Un endroit dans lequel Lucia aurait apporté un peu de glaise et beaucoup d'âme polonaise. C'est elle qui le façonne. C'est elle qui le soigne tandis que Jean-Louis n'y pose jamais le doigt sans doute par crainte d'en déranger la fausse et calme sauvagerie. Se contentant d'appeler «fleurs» ce que Lucia nomme pivoines, narcisses et coquelicots, ou «arbres» ceux qui portent les fruits. C'est un jardin qu'ils connaissent depuis plus de vingt ans et qu'ils nous montrent aujourd'hui, l'exhumant d'archives déjà anciennes ou de petits événements à naître demain matin.
Ceux qui les connaissent savent qu'outre leur vie, les deux artistes partagent aussi le goût de la patience, du calme et de la lenteur. Qu'ils préfèrent les expositions discrètes aux tapageuses exhibitions. Chacune de leurs photos est un moment de quiétude qu'il convient d'approcher à pas lents. Avec les mêmes yeux que ceux des louves qui couvent leurs petits. Chacune de leurs photos est un instant d'un autre siècle, du temps où la couleur n'aveuglait pas encore les rêves. Impassibles, insensibles aux modes, ils restent arpenteurs et alchimistes des lumières.
Aujourd'hui, donc, le jardin sur lequel l'un lève le voile lumineux du noir et l'autre le noir de la lumière. Derrière le plus petit détail, la moindre goutte de rosée, le bourgeon en devenir, les racines lovées, Lucia esquisse d'invisibles histoires en germes. Pendant que l'oeil de Jean-Louis se fait plus proche, donne vies à des matières que le regard pressé ne verrait pas et crée des architectures improbables comme surgies de déserts impossibles. Rien ne surgit pourtant de ces univers si lointains et, pourtant, tellement proches. Chaque image, ici, est comme la graine qui somnole en hiver, enceinte de patience et gorgée d'espoirs de printemps.
Comme ce recueillement que doivent avoir les sèves lorsque les arbres n'ont plus de feuilles.
C'est le même jardin, ce sont pourtant mille autres qu'il conviendra de découvrir très lentement et chaussé de semelles de brise. Surtout, qu'aucune musique ne vienne tenter de séduire ces lieux discrets et minimes. La moindre note empêcherait d'entendre la symphonie des fleurs qui poussent dans la lumière des pluies… Joseph Orban
Une rue ordinaire. Sa banalité expose ce je ne sais quoi qui fait l'atmosphère de Bruxelles. La rue Roosendael. C'est son nom. Un nom à l'orthographe désuète qui renvoie à l'époque où elle était sans doute un val de roses… de prime abord, il ne reste pas grand chose pour évoquer ce passé fleuri: des immeubles carrés, fonctionnels, des maisons anciennes, parfois alignées par paires… Pourtant, quelques pas plus loin, le ciel apparaît par dessus une palissade de planches vieillissante. Cette clôture envahie de broussailles s'ouvre sur un sentier qui plonge dans la verdure, rebondit sur un sureau, se faufile entre les haies. Soudain, c'est la surprise, l'espace s'élargit, semble déborder de végétation. L'oeil, saturé, ne capte plus que le ciel et cette vie foisonnante, disparate, qui paraît réduire les maisons à quelques miniatures posées à la frontière entre le ciel et la terre. Devant, des arbres, des rangées de semis, des haies touffues dessinent une géographie improbable. Sur le côté, une étendue curieuse et chatoyante: des roses, des tomates, des maïs, des pois de senteur, des salades poussent en un savant désordre, discrètement surmonté par une cabane ouvragée, installée là pour le repos du jardinier, il y a cinquante ans peut-être. Il suffit de quelques pas pour arriver à un tournesol, qui signale un étang où ne coassent pas encore les grenouilles…
La raison ne peut décrire cet endroit, proche à la fois du potager et du jardin décoratif, de la nature à l'état sauvage et des cultures savamment orchestrées par quelque artiste méconnu. Et d'ailleurs, la raison préfère se taire, submergée par l'émotion. L'oeil est saturé par les couleurs et l'abondance des formes. Les odeurs se mélangent, depuis les parfums de fleurs jusqu'aux senteurs lourdes de végétation en décomposition. Les oiseaux chantent et font oublier le bruit de la ville…
Ce lieu est dénommé le Carré Tillens. Daniel Desmedt
TUINEN Hof van Eden, tuin der lusten, besloten tuin, hoofse tuin, kerkhof: ze zijn alvast een uiting van onze behoefte om de ‘natuur' te ordenen. Ze vormen ook de uitdrukking van het menselijk verlangen om schoonheid te creëren, om te ordenen, te ontwerpen, om vorm te geven aan een droomplek, een rustplaats die ons beschermt tegen een dreigende, vijandige buitenwereld.
Een tuin belooft ons rust en lust, overvloed en verrukking en het ontwerp ervan, de ruimtelijke ordening, de vormen, de kleuren vertellen ons zelfs iets over de onbewuste bedoelingen van de tuinier(ster).
Het Franse begrip Cultiver son jardin zou je ook kunnen begrijpen als een metafoor voor de fotografie. Foto's maken is immers heel wat meer dan ‘mooie' beelden nemen, het gaat om het uitkiezen en vatten van fragmenten uit de werkelijkheid en deze te herschikken, te ordenen vanuit een visie, om op die manier betekenis te verlenen, een universum te creëren.
Wat de vier fotografen van deze tentoonstelling verbindt, is net deze diepe en dagdagelijkse band die ze er met de tuin op na houden. Voor hen is de tuin daadwerkelijk hun atelier. Of ze er nu de tuinier of bewaarder van zijn, vanuit die besloten, afgebakende ruimte – hun toevluchtsoord voor het gedruis van de buitenwereld - is het dat zij de dingen beschouwen.
Jean-Louis Godefroid
Paul den Hollander, «Metamorphosis #38», 2005Hôtel Hannon 1, avenue de la Jonction 1060 Bruxelles Belgique