Expositions du 21/09/2007 au 27/01/2008 Terminé
Château de la Tour d'Aigues 84240 LA TOUR D'AIGUES France
Loin des autoroutes et des phares aveuglants, Hans cherche ses paradis pour y vivre ; ensuite, il nous les retourne pour prouver qu'ils existent ; entre-temps, il a utilisé son appareil photo, mais presque en s'excusant. Ce n'est ni un ethnologue ni un observateur. C'est un homme immergé qui revient de là-bas. "J'ai vu la paix en acte, si, si ! Je vous le jure… Regardez ces sourires, voyez la beauté de ces yeux, leurs rires, entendez-les…" Tout juste s'il est capable, quand il revient, d'expliquer où il fut, et dans quelles régions. Où était Hans ? Quelque part où il fait bon vivre.
Mais où ? Au paradis. Enfin, nous direz-vous où nous devons aller pour vous rejoindre ?
La réponse sera non.
Il ne nous dira rien. C'est à chacun de nous de trouver ces Eve au village. La réponse sera non : on ne visite pas ces paradis, on y séjourne. Hans l'a fait, longuement. Et comme le Perceval de la quête du Graal, il est ce héros oublieux, qui a perdu la route et ne doit pas le dire, car elle est trop secrète.
Elles sont la cardamome, cette graine à peau dure, et lorsqu'on la croque, elle répand une odeur de menthe et de poivre. Elles sont le melon, qui pousse sur le sable et offre à qui le fend son eau sucrée. Elles sont le fenugrec, le piment, le safran, la feuille de bétel, l'or, l'argent qu'on suce, elles sont les épices qu'on mélange au miel. Et elles sont le ciel qui tombe sur la terre quand le soleil se couche, brutalement.
Leurs mains sont très habiles, comme partout en Inde. Habiles et propres. Pour apurer une maison, la femme a ramassé sur les chemins des bouses de vache, qu'elle fait sécher, soit en briquettes bien tassées, soit, plaquées sur les murs, avec la marque des cinq doigts – des fleurs.
La technique consiste à diluer la bouse sèche avec de l'eau pour en faire un liquide antiseptique, qui enduira les murs, les sols, la cour – à la main, bien sûr.
C'est encore à la main que les femmes traceront sur le sol les alpana, dessins merveilleux, avec de la chaux diluée dans l'eau. La bonne maîtresse de maison le fera au lever, cet ornement de sol qui peut durer un mois, si la marmaille ne s'en mêle pas.
Ces mains capables de travaux difficiles savent orner de miroirs brisés les vêtements, en les cernant de broderies au point lancé, coussinets de coton de toutes les couleurs appliquées avec un art très sûr, orange et rose, vert pomme et noir, rouge et rose vif, couleurs clinquantes, éclatants drapeaux à l'opposé des saris élégants. Et sur ces habits de fées, tintent leurs merveilleux bijoux. Autrefois, les bracelets étaient d'ivoire, teinté de rouge pour les femmes mariées. Aujourd'hui, ils sont en plastique et ce n'est pas plus mal. Les chaînettes de pieds, les bagues à chaque doigt, les colliers, rien n'est précieux, mais l'assemblage barbare est si puissant qu'aucun bijou de prix n'égalera leur grâce.Château de la Tour d'Aigues 84240 LA TOUR D'AIGUES France