Raymond Depardon, 7x 3, une exposition de films : 13 novembre 2004-27 février 2005
Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions
Vernissage presse en présence de l'artiste le vendredi 12 novembre de 15 h à 17 h
Rio de Janeiro, Shanghai, Tokyo, Berlin, Moscou, Addis-Abeba, Le Caire : 7 villes, et le désir de filmer. En
réponse à une commande de la Fondation Cartier pour l'art contemporain, Raymond Depardon porte un
regard sur ces lieux qu'il a, pour la plupart, déjà photographiés, avec cette habitude de revenir sur les « lieux
du crime », de confronter « ses regards successifs, celui du reporter, du jeune photographe, puis d'un photographe
plus engagé, plus expérimenté ». De confronter son regard avec lui-même.
Raymond Depardon voyage depuis l'âge de 17 ans : sa carrière de photo-reporter débute en 1958. Et
depuis, il arpente la planète, refusant « l'événement », le « spectacle du monde » et privilégiant « le goût du
réel, du documentaire, allié avec un refus de l'esthétisme ». Il a photographié l'Afrique et New York ; les JO,
la chute du mur de Berlin, le monde rural ; il a souvent filmé dans des lieux clos : un hôpital psychiatrique, un
commissariat, le bureau d'un substitut du procureur, une salle d'audience. Pour la Fondation Cartier, il avait
déjà filmé les Indiens yanomami du Brésil (Chasseurs et Chamanes, 2002) et participé à plusieurs expositions
: By Night (1996), Amours (1997), le désert (2000). Il dit se sentir chez lui dans le désert. La ville lui fait
peur. Il l'a photographiée et filmée, mais dit avoir « des comptes à rendre » avec elle. Pourtant, « avec le
désert, la ville est un endroit où l'on peut trouver une certaine solitude. Il n'y a pas trop de regards. C'est un
peu un nouveau désert. Un labyrinthe. On peut s'y perdre. S'y retrouver aussi ». Pour son exposition à la
Fondation Cartier, Raymond Depardon décide de «réfléchir à son rapport à la ville. Un rapport souvent difficile,
d'amour - haine ». Bien loin du palmarès des mégalopoles mondiales, l'exposition dessine une géographie
sans contraintes.
7x3: 7 projections simultanées de films couleur ou noir et blanc, de 3 à 5 minutes, tournés en 16 mm et projetés
en vidéo, en une succession d'images en mouvement et sans son. « Je suis un photographe silencieux.»
Silencieux et solitaire. La solitude recherchée du photographe qui se fait le plus discret possible, hésite à s'approcher
et surtout tend à rester à sa place, trouver la bonne distance. Pour chaque ville, il filme une dizaine
de plans, dont il ne retient qu'un, comme autant de moments choisis par l'auteur.
Dans ces villes, il y a une quête. Peut-être de la ville idéale,
du moment idéal. Il s'agit de faire abstraction de mon expérience
de professionnel de l'image, comme si je prenais
la caméra pour la première fois. Faire ce que je veux. Oublier
les faits, me vider. Avec une grande liberté. D'ordinaire,
il faut toujours avoir des raisons de filmer. Je n'ai pas de raison
de filmer, mais une motivation, une envie, un désir.
C'est ce qui est à l'origine de cette exposition : le désir de filmer.
Raymond Depardon, 23 août 2004
Rio de Janeiro Shanghai Tokyo Berlin Moscou Addis-Abeba Le Caire
Juillet 2004, Rio de Janeiro : c'est la première étape de son périple et la seule de ces 7 villes qu'il ne connaît
pas encore. Il y découvre une lumière extraordinaire, une ville lyrique. Fin août, il s'envole vers l'Asie.
Shanghai et Tokyo: les plus grandes villes de l'Extrême-Orient. Puis l'Europe : Berlin et Moscou, deux villes en
pleine mutation, tournées vers l'avenir. Il fallait bien sûr que l'Afrique soit présente dans cette géographie personnelle.
Mais une Afrique un peu décalée, témoin de la complicité qui le lie à ce continent : Le Caire, la plus
grande ville du Moyen-Orient, à la croisée entre les symboles africains et orientaux. Et Addis-Abeba, une ville
que Raymond Depardon aime particulièrement. Des séjours rapides, qui lui permettent de rester fidèle au
«premier regard », inimitable, qu'il a toujours privilégié.
En écho aux 7 films réalisés spécialement pour la Fondation Cartier, Raymond Depardon présente 3 films qui
complètent ce tour du monde. À Prague, il réalisait en 1969 son premier film, lors des funérailles de Jan
Palach, immolé par le feu en protestation contre l'occupation soviétique. Avec New York, NY (1986), il fait
le constat de l'impossibilité de filmer une ville, tournant 4 minutes quotidiennes pendant 2 mois. À travers des
extraits de Paris (1998), qui hésite entre documentaire et fiction, il offre le portrait d'une ville, en noir et blanc,
dans l'effervescence et l'enfermement de la gare Saint-Lazare.
7 x 3 est la première exposition de films de Raymond Depardon. Il y invente un regard. Une durée. Un point
de vue qui se fait à la fois « fenêtre » sur les autres et « miroir », indiquant « sa place, sa personnalité, sa sensibilité
». Il dit avoir abordé ce projet avec quelque appréhension. De cette appréhension doublée d'excitation
éprouvée avant une première rencontre. Sachant que l'on ne sera plus le même après.
L'exposition Raymond Depardon, 7 x 3, une exposition de films est organisée
avec le soutien de la Fondation Cartier pour l'art contemporain, placée sous l'égide de la Fondation de France,
et avec le parrainage de la Société Cartier.
Catalogue
Raymond Depardon, 7 x 3
Relié, bilingue français-anglais
Fondation Cartier pour l'art contemporain, Paris/Actes Sud, Arles
22 x 28 cm, 160 pages, 120 photographies couleur et noir et blanc
Publication : 12 novembre 2004
Prix : 40€