Expositions du 13/06/2007 au 02/09/2007 Terminé
Maison Européenne de la Photographie 5, 7 Rue de Fourcy 75004 Paris France
En 2006, la Maison Européenne de la Photographie passe une commande à Bruce Davidson, photographe de l'agence Magnum, sur les parcs et jardins de Paris. Abandonnant pour la première fois de sa carrière le reportage, Bruce Davidson se consacre ici à la photographie de paysage. Sensible au mélange de force et de fragilité de l'environnement, Davidson capte l'association harmonieuse et majestueuse des éléments naturels et de l'architecture. Quasi dénuées de présence humaine, ses images sont une ode à Paris et à la Nature.
Si on dit souvent que Paris est la « Ville Lumière » ou la « Ville de l'Amour », il est vrai également que c'est la capitale des grands musées, des façades classiques, des monuments historiques et des ponts plein de grâce qui attirent le regard, éveillent la pensée et stimulent l'esprit.
Mais il y a aussi un autre Paris - celui des parcs et jardins publics de la ville, et celui des jardins privés et secrets, cachés derrière des murs infranchissables.
Au fil des ans, Paris a accueilli nombre de photographes prestigieux tels Eugène Atget, Henri Cartier-Bresson, Willy Ronis, Robert Doisneau, Brassai : leurs images de Paris ont imprégné mon travail photographique depuis cinquante ans. Je savais ainsi que ce serait un véritable défi que de proposer une vision de Paris complètement différente et personnelle. Je savais également qu'il s'agissait d'une oeuvre toujours en cours.
En explorant les espaces verts de Paris, j'ai découvert de vieux arbres fripés et une variété incroyable de fleurs. Cette flore est une des composantes essentielles de Paris, elle contribue à définir son identité et sa beauté. Je pensais à ce que voient les arbres et ce qu'ils endurent, leur présence m'a fortement inspiré et m'a porté pendant tout le projet.
Un jour d'hiver, tandis que je flânais au Jardin du Luxembourg, j'ai observé l'atmosphère créée par la silhouette de vigoureux châtaigniers dont les branches noueuses se découpaient sur le ciel d'opale.
Tandis que je marchais sur les quais, j'ai remarqué la force et la sensualité des racines entrelacées d'un arbre s'agrippant au sol dans un élan de survie, le long des flots calmes de la Seine.
Un après-midi de fin d'été, j'ai découvert derrière Notre-Dame un petit jardin planté de roses en pleine floraison. Les arc-boutants et les gargouilles espiègles de la Cathédrale contrastaient avec les brassées de fleurs du premier plan.
Aux pieds de la Tour Eiffel, j'ai trouvé un vieil arbre au tronc fatigué dont les branches les plus hautes s'entremêlent aux pylônes d'acier de la tour. L'arbre et la structure se rejoignent finalement et disparaissent ensemble dans l'espace. Au Parc Floral de Vincennes, caché, à l'ombre d'un arbre, j'ai photographié des enfants pleins de vie, des amoureux enlacés et des gens allongés sur de luxuriantes pelouses.
À l'automne, j'ai gravi l'escalier en pierre du Parc de la Turlure à Montmartre et j'y ai trouvé des fleurs sauvages côtoyant les branches nues d'un robinier endormi. Le dôme du Sacré-Coeur émergeait tel la pleine lune se levant en plein désert. À cet instant, je me suis senti au coeur de la nature et la nature était en moi alors même que je me trouvais en pleine rue, au milieu des embouteillages et du tumulte de la ville.
La flore que j'ai découverte dans les parcs et les jardins de Paris donne à la ville une autre dimension, un autre sens. C'est ce que j'entends par « la nature de Paris ».
Bruce Davidson, 2007Maison Européenne de la Photographie 5, 7 Rue de Fourcy 75004 Paris France