Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions

Hors de question de se voiler la face, les oripeaux hypocrites des étendards nationaux ne servent qu'à emballer des corps fatigués, tournés vers leurs pauvres nombrils, chantant des hymnes guerriers et cacophoniques. Ah les draps, peaux des fantômes annonçant le bal masqué. Poudres et perruques sortent du bois, clairière des jeux druidiques. Cachons nous dans les bois, voir si le loup n'y est pas... il n'y a guère d'échappatoire aux moutons si ce n'est un masque de mère-grand. Alors dans un éclair de lucidité, le message crypté d'Héraclite est passé sans effort : « la nature aime à se cacher »… Pour mieux se dévoiler ? Aux voyeurismes contemporains qui décryptent vulgairement les affres d'un monde sensationnel, préférons les jeux de la métamorphose, selon Kafka, du masque pudique des bals vénitiens, des brumes matinales sur un lac de braises, traçant des ombres lunaires. Quand les caméléons s'effacent sur les blocs de pierres, sans faire l'autruche, ni avaler des couleuvres, laissons la lumière, ses longueurs d'ondes invisibles et ses suites chromatiques envoûtantes, éclairer des énigmes crypto-sensus. Sur l'écran cathodique, s'échinent quelques bêtes de scène fatiguées par des années de combats. Un peu comme ces joutes de catch où chacun mime un personnage soit coincé dans les cordes, soit sautant à pieds joints sur le bras tordu de l'adversaire. Paravents et politique des chambres secrètes ! Tous sous les draps, fantômes. Romans d'une vie ou roman policier, aventures rocambolesques ou longue marche ascétique, les hommes découvrent des espaces peuplés d'inconnues, ici un col blanc révélant un regard enneigé, là une forêt rougeoyante hantée par un arbre décapité. Plus loin des bleus emballant l'incertitude. Qui n'a pas joué à cache-cache pendant son enfance, qui n'a pas participé aux jeux de masques de Mardi-gras, qui n'a pas construit de cabanes secrètes déguisé en robin des bois, toutes ces solutions infinies pour s'échapper vers les territoires de l'imaginaire. Cryptogrammes à découvert sur des troncs dénudés. Et derrière les masques, une humanité qui garde ses secrets. Mes photographies révèlent des histoires qui restent ouvertes à l'interprétation, dont le sens profond peut même m'échapper. Je cherche seulement à ouvrir l'espace des possibles, derrière les paravents de notre figuration momentanée. Autant de cryptochromies à déchiffrer. (Café Français)