Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions

Des photographies d'herbes et de fleurs les plus communes des prés en jachères, des champs cultivés et des bords de routes, prises dans le vent ou sous des cieux d'orage, en fin d'aprèsmidi, entre les pensées, au centre de l'Europe, début XXIe siècle. » C'est en ces termes que l'artiste suisse Alan Humerose présente son livre. Interpellé par un pissenlit, un jour il s'est couché dans l'herbe pour l'observer de plus près. Le paysage végétal qu'il a découvert au ras de la terre lui a inspiré une exploration photographique des fleurs des prés étonnante et séduisante. Ces fleurs et ces herbes que nous connaissons tous deviennent des mondes insoupçonnés. Elles apparaissent telles que nous ne les avons jamais regardées, en toute liberté, magnifiées, dramatisées, superbes. Les textes de la botaniste et historienne de la botanique, Joëlle Magnin-Gonze, qui accompagnent les photographies d'Alan Humerose offrent d'autres clés encore pour pénétrer au coeur de cet univers passionnant qui se trouve à notre porte. Les photos de l'Herbier Humerose ont été exposées en plein air, sur de grands panneaux pendus aux arbres, au Jardin botanique de Genève durant l'été 2005. Elles ont orné ensuite les façades du Muséum d'histoire naturelle de Genève durant tout l'hiver 2005-2006. L'année dernière elles ont ondulé en drapeaux sur le pont du Mont-Blanc. Et maintenant elles viennent s'accrocher sur les cimaises de Krisal Galerie pour une exposition estivale. Né en 1956 à Courroux dans le Jura suisse, Alan Humerose vit et travaille à Genève depuis 1976. Après l'obtention en 1976 d'une maturité scientifique à l'Ecole cantonale de Porrentruy (JU), il entame à Genève des études universitaires en histoire de l'art et en linguistique qu'il interrompt au cinquième semestre pour se consacrer entièrement à la photographie. Il commence à exposer et à publier dès 1979. Dès le début, il concentre ses recherches sur la série de tirages photographiques de petits formats en noir et blanc pour la plupart, dans lesquels la reconnaissance des objets, ou des scènes, laisse place à une apparition de choses entrevues, connues, mais non plus tout à fait nommables ni rassurantes: originelles. «J'utilise la photographie pour regarder les ténèbres. Apparaissent alors des choses qui n'ont pas encore de nom, ou déjà presque plus, des lueurs délestées de toutes “inutiles physionomies”.» «Il faudrait regarder mes photographies comme on souffle sur des braises quand on veut de la lumière. La lumière des braises se regarde, n'éclaire rien du tout. La grande lumière, elle, éblouit et montre. Il y a juste un moment, quand on attise, dans ce face à face serré avec la lumière naissante, où l'on peut voir et être ébloui en même temps, irradié.» «Apparaître et disparaître simultanément, être au seuil de l'invisible, entre la vue et la vision.» Ses « suites », de nombreuses fois exposées et publiées tant en Suisse qu'à l'étranger, proposent ainsi un regard désorienté sur les choses anodines de notre quotidien. Humerose, très proche de la littérature, du théâtre, du livre, s'arrête là où tout le monde passe. Il révèle ainsi l'exotisme et l'histoire de la banalité. Outre ses expositions, dans lesquelles l'accrochage tient un rôle déterminant, il participe, dès 1985,à plusieurs revues d'art et de littérature ou encore illustre de nombreuses publications industrielles et culturelles. En 1995, il prend du recul par rapport à sa production. Nommé directeur du Centre de la Photographie de Genève (CPG), il en change intégralement la ligne artistique, crée des cycles de conférences, anime des rencontres, devient membre fondateur de l'Association Suisse des Institutions pour la Photographie et de BAC+3, projet pour le développement d'un Bâtiment d'Art Contemporain à Genève. Il crée également et dirige la revue images A l'automne 1999, après quatre années vouées à la promotion de la photographie contemporaine il quitte la direction du CPG afin de se consacrer à nouveau exclusivement à ses recherches photoghraphiques. Enfin, ses photographies sont présentes dans de nombreuses collections privées et publiques