Expositions du 10/05/2007 au 26/08/2007 Terminé
Fondation Henri Cartier-Bresson 2, impasse Lebouis 75014 Paris France
Moksha, « le paradis »
Depuis 500 ans, la ville sainte de Vrindavan, dans le nord de l'Inde, est un refuge pour les veuves indiennes dépossédées de tout. Rejetées par leur famille et condamnées par la stricte loi martiale qui nie tous leurs droits, certaines décident de rejoindre Vrindavan dans des conditions difficiles, parfois au péril de leur vie. Leur rêve le plus cher est d'atteindre Moksha – le paradis – où elles seront libérées du cycle de mort et de réincarnation et où elles vivront entourées de leurs dieux pour toujours. Moksha réunit les portraits de ces femmes et leurs témoignages, récits bouleversants de cruauté et de dénuement. Fazal Sheikh s'est attaché à rythmer le livre et l'exposition d'images poétiques montrant leur environnement, paysages et sanctuaires, qui plongent immédiatement le lecteur dans l'intimité tragique de ces femmes.
Ladli, « fille adorée »
Dans la société indienne traditionnelle, une fille est parfois un fardeau ; sa famille devra constituer une dot importante pour qu'elle se marie - bien souvent dès l'enfance - et qu'elle intègre ainsi de façon digne la famille de son époux. A cause de cette coutume onéreuse, les fillettes doivent bien souvent endurer dès la naissance des sévices inimaginables et souvent, l'abandon dans un orphelinat. Mais surtout, avec les techniques modernes d'investigations prénatales, l'avortement des foetus de filles s'est multiplié : « Dépensez cinq cents roupies aujourd'hui, économisez-en cinquante mille demain », allusion aux économies réalisées par une famille grâce à l'avortement du foetus, en évitant ainsi le coût d'une dot, indispensable pour marier une fille. Fazal Sheikh a pu travailler avec diverses organisations indiennes qui lui ont permis de rencontrer des fillettes et des adolescentes, pour recueillir leurs témoignages.
Fazal Sheikh, né à New York en 1965, est le lauréat de nombreuses récompenses prestigieuses. Ses travaux ont été exposés et font partie des collections des plus grandes institutions photographiques internationales.
Artiste engagé, il attache autant d'importance aux photographies qu'aux récits qui les accompagnent. Son talent de photographe-écrivain lui permet de s'attacher réellement à ces femmes, non comme victimes symboliques, mais comme personnalités authentiques, nommées, qui se dévoilent dans un face à face direct et intime.
En vivant pendant de longues semaines au sein des communautés qu'il étudie, en partageant leur quotidien avant de les photographier, il donne à ces images et à ces mots une profondeur liée à son engagement personnel : un sincère respect des croyances, des sentiments et de la nature humaine, une volonté farouche d'éveiller les consciences.Fondation Henri Cartier-Bresson 2, impasse Lebouis 75014 Paris France