Expositions du 01/03/2007 au 22/04/2007 Terminé
Galerie Fait & Cause Rue Quincampoix, 58 75004 Paris France
« Enclavés au coeur des townships à une quinzaine de kilomètres de Johannesburg,
les camps des squatters de SOWETO s'étendent en zones marginales symboliquement baptisées Mandela camp, Freedom camp, Angola camp, Winnie
camp, Kliptown... Labyrinthes d'étroites ruelles où s'entassent une multitude de cabanes, on y pénètre comme dans un monde exclu, où s'opère, progressivement, une dérive des repères, une confusion des signes.
Lieux de toutes les violences, les femmes qui y vivent subissent une extrême précarité ; chômage et abandon, viols et sida, vols, violences domestiques et meurtres, y sont monnaie courante. Prises au piège de cet environnement hostile, ces femmes font preuve de détermination et de leur dénuement se dégagent une dignité, et même une sensualité.
En photographiant ces portraits anonymes, j'ai voulu donner à voir une «biographie» collective mêlant histoire et géographie, ramener ces femmes au centre du regard et saisir au vol et en images l'énergie muette d'un combat. C'est alors qu'a pu s'établir au moment de la rencontre et de la prise de vue, un partage quasi instantané qui dans sa brièveté même, a parfois le pouvoir de révéler une vérité décisive.
Ainsi, ces regards de femmes nous défient et nous séduisent par leur générosité et
leur humanité.
Leurs habitations sont des cabanes composées d'un mix de matériaux divers et d'objets recyclés faits de bois, d'acier ondulé, de panneaux publicitaires, de bâches, de cartons, de toiles, ou de plastiques en tout genre. L'assemblage des éléments est à la fois fonctionnel et accidentel. Les murs sont des patchworks de formes, de couleurs et d'éléments typographiques. Lignes brisées, motifs ou signes, y créent d'improbables configurations graphiques. Les effets de la dégradation par usure et par exposition aux éléments dessinent des formes qui s'associent aux signes calligraphiés par les habitants eux-mêmes.
La juxtaposition du graphique et du figuratif, de la couleur et du noir & blanc, des compositions abstraites et des visages, loin de disperser le regard, renforce l'émotion des personnages. Il s'opère un glissement, un va-et-vient, d'une réalité sociale vers une esthétique graphique et vis-versa. Ce jeu d'associations conjugue à la fois la nature aléatoire des compositions en couleurs, la marginalité du lieu, et l'anonymat des femmes représentées. Entre hasard et partage, les diptyques, dans leur décalage proposent une «cartographie» personnelle de ces campements de vie. »
Alexei Riboud
Galerie Fait & Cause Rue Quincampoix, 58 75004 Paris France