Expositions du 11/02/2007 au 29/01/2007 Terminé
Lucinaire 53, rue Notre-Dames des Champs 75006 Paris France
Jeune auteur photographe, je me rends depuis plusieurs années en Afrique de l'Ouest, principalement au Burkina Faso dans le village de Markoy, situé à la frontière du Mali, dans la partie Nord du Pays. Ce village, qui constitue un axe prioritaire dans les voies de communication par la route entre ces deux pays, est une plaque tournante du commerce où de nombreuses ethnies se côtoient dans le calme et le respect (Mossis, Peuls, Bobos, Gourmantchés, Touaregs, Bellas, Mandés, Gourounsis). Il est caractérisé par un marché important chaque semaine, véritable scène photographique. La première série de portraits au village de Markoy (2005) Mon intention première était d'organiser une rencontre photographique avec certains habitants du village dans la lignée des portraitistes africains (Samuel Foso, Malik Sibide…), mais dans des décors de plein air ou naturels et non pas dans des studios. Dès mon arrivée, j'ai pu solliciter les habitants directement et commencer mon reportage. Un cérémonial s'est alors mis en place. Vêtus de leurs plus beaux habits (généralement des costumes de fêtes), une quinzaine de villageois seuls ou en famille, se sont prêtés pendant une semaine à la séance de prise de vue. Une réelle complicité s‘est installée avec les « modèles ». Le mélange de spontanéité et de solennité montré par les villageois m'a fait mesurer la différence avec le sujet photographié en terres occidentales submergées par la présence banalisée de l'image. La première série de portraits au village de Markoy (2006) Ce travail de portraits posés m'a incité à entreprendre un travail plus élargi de recensement photographique dans la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou. Avec l'aide du Centre Culturel Français qui a permis la mise en relation avec les habitants et dont le site même a servi à la réalisation des prises de vues, un nouveau jeu photographique s'est opéré avec cette fois ci des personnes plus aisées, vêtus de costumes de villes ou de travail, mais conservant la même attitude presque gênée et naturelle face à l'image. Chaque personne photographiée s'est vue remettre un polaroid. Les personnes ou familles qui se prêtent généreusement à ce jeu à la fois grave et ludique, conscientes d'être ainsi considéré comme « modèle », transforment vite la séance de prise de vue en un rituel pointant vers le sacré. L'image recelant encore pour ces personnes toute sa portée et sa magie, au-delà d'un souci esthétique ou d'une beauté subjective, ces portraits représentent pour elles la trace de leur présence, attestant en toute légitimité de leur place et de leur importance. Ces portraits se révèleront comme autant de témoignages précieux à la fois aux plans artistique, sociologique, ethnographique et culturel. Il s'agit à travers ce projet photographique, d'approcher d'autres civilisations, d'autres cultures en elles-mêmes, sans les évaluer à la toise des critères intellectuels et esthétiques des occidentaux. Bien que s'inscrivant dans la pratique du portrait posé de la fin du XIXe siècle, il s'agisse ici de s'affranchir d'une certaine distance entre photographe et modèle, d'acquérir une certaine transparence vers une esthétique du portrait plus fluide, plus authentique et humaine. En reprenant Victor Segalen, je dirais que la prise de vue devrait permettre « de savourer d'un point de vue sensuel et intellectuel, cette sorte de va-et-vient indispensable entre sa propre spécificité et la particularité de l'autre ». Ce mouvement est un moyen d'approcher la connaissance du monde dans sa diversité. D'un point de vue esthétique, c'est une manière de percevoir le beau et d'en jouir grâce à un recul comparable à celui que l‘on opère pour regarder un tableau. Ainsi les images photographiées ne sont pas des images plus exactes que les autres. Ce sont avant tout des images « transparentes » à travers lesquelles nous voyons ce qui fut photographié. La photographie est une aide à la vision, à la connaissance, comme peut l'être le microscope ou le télescope. Elle nous fait voir des aspects qui ne sont pas ou plus en notre présence. Situation de passage qui prend d'autant plus son importance en Afrique où les traditions résistent fébrilement à l'explosion du monde moderne. Une exposition a présenté les premiers travaux en février 2006 au Centre Culturel Français de Ouagadougou.Une autre exposition a été réalisée à la galerie Africum Vitae à Marseille ainsi que à la maison du tourisme de Biot, dans le cadre du festival photographique de Nice. Ce travail de portrais loin d'être exhaustif sera perpétué au cours de mes prochains voyages en Afrique de l'Ouest. Lucinaire 53, rue Notre-Dames des Champs 75006 Paris France