Au fil du temps, la photographie a pris une place majeure dans le travail de l’artiste qui se définit comme un « chasseur-cueilleur » d’images. Sa pratique s’énonce dans un double mouvement. Observateur de tous les événements du quotidien, le photographe fait de ses captures de choses anodines, ou qu’on ne voit plus, des curiosités poétiques à interroger. Il est aussi “guetteur” dans les divers espaces du monde de l’art, attentif aux visiteurs tout autant qu’aux œuvres. Grand amateur d’histoire de l’art, le photographe dit que son regard a beaucoup, voire tout appris de la peinture.
Didier Frouin-Guillery ne présente pas de photos individuelles. Après le temps de la prise de vue, il entame systématiquement un travail de montage de deux ou trois images. Ses diptyques ou triptyques prennent la forme de curieuses associations et d’assemblages inédits. L’artiste joue ainsi d’allers-retours de sens et d’énigme entre la chose et sa photographie, et entre les photographies à l’intérieur de chacun de ses ensembles. On peut y chercher des correspondances de sujets ou d’histoires, de lieu ou de temps, et des accords, ou des oppositions, de couleur, de forme et de composition. Chaque montage constitue une sorte de haïku visuel qui concentre et déroute en même temps le regard.
Dans son cheminement, l’artiste trace une arborescence de signes nourrie de culture populaire et d’histoire de l’art, d’histoire personnelle et d’histoires collectives. Il compose un récit poétique où chacun peut se reconnaître, questionner sa mémoire et son imaginaire.