Au cours de sa longue carrière de photojournaliste, Stephen Shames s’est employé à rendre visibles les minorités les plus défavorisées des États-Unis. Dans les années 60 et 70, une grande partie de la population est exclue de la prospérité : l’envers du rêve américain est le théâtre de drames où, dès le plus jeune âge, des vies sont déviées ou brisées. En parallèle, le photographe montre également la formidable énergie de résistance et d’action qui naît alors. En 1966, le mouvement des Black Panthers est fondé, inspiré par les discours de Malcom X contre la ségrégation, l’anti-impérialisme et le marxisme. Les différents courants auxquels il emprunte ont en commun le désir d’organiser un contrepouvoir basé sur des valeurs humanistes. Il vise à faire reconnaître les droits des Noirs aux États-Unis en privilégiant les actions concrètes.
La communauté noire se fédère pour améliorer l’éducation de ses enfants, éditer ses propres journaux, collecter nourriture et vêtements, surveiller les agissements de la police... Si le mouvement des Black Panthers a connu certaines polémiques, il a marqué l’histoire comme la révolution constructive d’une catégorie dénigrée de la population – All Power to the people était l’un de ses slogans. Grâce à une relation proche avec ses dirigeants, Stephen Shames a accompagné les Black Panthers dans leurs protestations, leurs actions sociales, leurs célébrations. Il dresse le portrait d’une organisation ouverte et fraternelle, au travers d’une vision esthétique du combat politique.