Frédérique Aguillon - Passeurs solitaires - Ceci est mon corps
Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions
Expositions du 28/09/2006 au 20/01/2007 Terminé
Pendant ses années d'étude à l'Ecole des Beaux-arts de Quimper, Frédérique Aguillon s'intéresse à la sculpture. Elle conçoit des sculptures en matériaux bruts (pierre, bois) qu'elle place en situation dans un environnement. Ces mises en situation interviennent au cours de déplacement dans la nature : les seules traces qu'il en résulte sont des photographies.
Sa démarche poursuit alors la réflexion amorcée par les artistes du Land Art*. Mais les difficultés physiques qu'elle éprouve à se déplacer l'entraînent à renverser les propositions artistiques du Land Art : au lieu de créer une oeuvre d'art par le déplacement de l'artiste dans la nature, elle incorpore ses sculptures dans l'environnement naturel, jusqu'à absorption et dissolution de l'objet.
Ses réflexions sur l'immobilité l'amènent à refuser l'éphémère, caractéristique du Land Art, et à questionner la matière. Au fil de ses travaux, l'objet sculpté devient toujours plus marginal, presque " de trop " dans les photographies de ses contemplations immobiles, et finit par sortir du champ pour laisser place aux seules matières organiques du paysage et du médium photographique.
Frédérique Aguillon entame alors une quête solitaire dans divers lieux de la Bretagne et de l'Hérault (1990-1995). Les photographies qui en résultent sont âpres : on y décèle l'absence de l'homme et l'abandon de la civilisation. Ce ne sont pas des paysages d'une nature sauvage et primitive, mais des lieux de silence et de solitude. En cela, les photographies de Frédérique Aguillon doivent davantage être conçues comme des supports de méditation que comme des représentations du réel.
Sa seconde série, Ceci est mon corps (2004), marque un approfondissement de la confrontation avec sa propre intériorité. Ici, elle est sans intermédiaire, puisque le matériau de travail est son propre corps. Cette série d'autoportraits ne doit pas être comprise comme une réflexion sur le handicap, mais comme un travail photographique sur le corps, même si sa réalisation permit à l'artiste de substituer son regard à celui, interrogateur ou blessant, des autres : " Il n'y a plus que moi, plus précisément mon corps, même si mon visage apparaît parfois. Je suis devenue mon propre matériau. "
Née en 1960, Frédérique Aguillon s'est installée en Bretagne pendant ses études à l'Ecole des Beaux-arts de Quimper (1982-1987). Son travail photographique, présent dans plusieurs collections publiques (Artothèque de La Roche-sur-Yon, Carré d'art de Chartres de Bretagne, L'Imagerie de Lannion) a fait l'objet de nombreuses expositions collectives et personnelles (Centre méditerranéen de l'Image de Carcassonne en 1998, Remscheid en Allemagne en 1999 et 2006, etc.), de plusieurs publications (Passeurs solitaires, 1996 ; Ceci est mon corps, éd. Le Temps qu'il fait, 2005). Par ailleurs, elle est aussi présidente de l'association Aktinos et organisatrice du festival Mai-photographies à Quimper.