L’exposition « Dépêche-toi de vivre » est le produit de faces-à-faces, d’expériences communes entre des artistes et des publics. Des hommes détenus y prennent leur envol. Les bras croisés, des adolescents occupent la rue. D’autres traduisent leurs rêves en images. Les projets exposés réinventent des masculinités en laissant la place à l’expression des émotions en pleine conscience du regard des pairs. L’institution scolaire et l’institution carcérale, chacune à leur manière, selon des histoires et codes différenciés, constituent toutes deux des « territoires masculins », lieux et situations d’apprentissage de la virilité. L’asymétrie dans la prise en charge des garçons et des filles par l’école ne fait que renforcer une construction masculine stéréotypée, un « devoir de virilité » devenu fardeau pour les adolescents. Le principe même d’emprisonnement, qui sépare les hommes et les femmes en « quartiers », repose sur une conception binaire de l’humanité séparée en deux genres et trois orientations sexuelles distinctes. Les violences homophobes en détention homme démontrent d’un besoin de faire triompher une image fantasmée de la virilité, tandis que les femmes pâtissent d’une institution pensée par les hommes pour les hommes.
« Dépêche-toi de vivre » souhaite donner l’espace nécessaire à une écriture de l’intime au pronom masculin. Se dépêcher de vivre, ce n’est pas faire acte de courage. C’est trébucher, dire sa vulnérabilité. Se hâter d’exprimer ses tourments et d’afficher ses émotions pour vivre pleinement.
Dans le cadre de l'exposition « Dépêche-toi de vivre »
À Stimultania, pôle de photographie
33 rue Kageneck 67000 Strasbourg
Entrée libre