©Sabine Delcour
Expositions du 14/09/2017 au 28/10/2017 Terminé
Arrêt sur l'image galerie 45 cours du Médoc 33300 Bordeaux 33300 Bordeaux France
Communiqué presseArrêt sur l'image galerie 45 cours du Médoc 33300 Bordeaux 33300 Bordeaux France
Les séries photographiques présentées ici parcourent l'oeuvre de Sabine Delcour de Transport (1992) aux prémices de son projet Ordos en cours de réalisation, révèlant ainsi l'univers particulier de cette artiste. Si le regard saisit d'abord des constantes induites par la régularité d'une écriture photographique - l'affinité pour le paysage, la verticalité, quitte à contrarier l’une des conventions les plus établies du genre, l'absence d'être humain - , cet ensemble montre surtout un travail d'investigation complexe. Arpentant des villes, des forêts, des espaces montagneux et des îles au rythme des saisons, elle nous livre un corpus d'images qui nous convie hors du cadre à un voyage paradoxal, à une fiction intime et sensible qui interroge inlassablement la notion du lieu et les rapports de l'homme à son environnement.
Parce que les histoires l'ont toujours fascinée, Sabine Delcour collecte parfois le récit des habitants qui vivent sur les territoires qu'elle photographie créant des passerelles où s’établissent des flux et des correspondances en tension avec la réalité. Chaque projet commence par une enquête. Mais celle-ci, loin de l’enraciner dans une approche documentaire, l’invite à se détacher du signifié. Elle se décentre en incorporant le défaut au système : les aberrations optiques qu'elle crée par un travail de déformation et de flou, se sont substituées aux irradiations que subissaient ses premiers plans-films. Elle témoigne par ce biais de la faillibilité de l'image photographique et surtout de notre perception de la réalité.
©Sabine Delcour
Transport est conçu comme un itinéraire dans la banlieue nord-est de Paris à l'aide de guides touristiques anciens, à la lecture desquels elle choisit des endroits qu'elle part photographier avec un vieil appareil de voyage pliant. Chaque image porte en incrustation la description du site figuré, extraite de l’un d'entre eux. Le texte d’hier et l’image d’aujourd’hui s’imbriquent en produisant une double tension qui rend visibles les effets du temps sur la vie et les lieux. Une sorte de voyage dans le temps sur un territoire qui n’invite pas au tourisme.
Dans Les bâtisseurs, présenté ici sous forme filmique, elle met en lumière une ville nouvelle des années 70, Hérouville Saint-Clair en périphérie de Caen, où les habitants, arrivés dès le début de la construction, sont parties prenantes du projet. Elle met en friction leurs souvenirs utopiques et la vision d’une ville photographiée des décennies plus tard.
Autour de nous, réalisé au Japon, est constitué de photographies de maisons individuelles en devenir qui sont mises en perspective avec les rêves et les désirs d’hypothétiques habitants.
Cheminements apparaît comme l'image sensible d'une partition de voies, qui rassemble un ensemble de chemins et de sentiers tracés dans la nature à l’écart des villes dans différentes régions de France. L’individu absent du cadre n’est perceptible que par la trace de son passage et l’empreinte qu’il laisse dans le paysage.
©Sabine Delcour
Avec Bas-reliefs, elle donne à voir le temps géologique, extrêmement long, voire abstrait à l’échelle de l’humanité, et à travers lui le langage des pierres et de la Terre. Elle interroge la manière dont l’homme aujourd’hui renoue avec la nature en tentant d’en faire elle-même l’expérience.
Chaque proposition relève d’une topographie de l’ordre de l’intime, une sorte de voyage intérieur où elle se livre à une errance à la croisée des chemins, pour interroger les frontières et les passages, du monde visible au monde sensible. Le lieu plus qu'un espace physique, géographique ou culturel est pour elle la source de toute existence, il est son contexte.