© Butz&Fouque
C’est avant tout un jeu. Jouer avec le corps et ses stéréotypes.
Le jeu de comédien qui se met en scène. Le jeu des je, qui porte l’attention sur l’autre, ressemblant et dissemblant.
Car il s’agit bien de l’autre dans le travail de Butz&Fouque. L’autre qui est si différent et pourtant si semblable, le faux jumeau qui est soi et autre à la fois. Par jeux de miroirs, d’artifices, de symétrie, les deux photographes manipulent leur image, effacent les imperfections et perturbent la reconnaissance. La fusion des corps engendre une instabilité identitaire qui crée un malaise par la monstration d’un corps dénué de singularité. La multitude d’identités, la multitude de visages que présente le duo mettent en scène une fausse gémellité sur laquelle s’amusent les photographes pour troubler le spectateur.
Butz&Fouque, les deux photographes qui deviennent un par leur duo, se construisent et se déconstruisent dans des décors quotidiens mais aux couleurs vives, aux matières chatoyantes.
Les poses absurdes, l’utilisation décalée de l’environnement, les visages figés mais expressifs participent à l’atmosphère burlesque, au cirque photographique mis en place. C’est un carnaval peuplé de créatures hybrides, de poupées, de fétiches, où le réel théâtralisé se transforme pour laisser place à un univers farfelu, loufoque propre au rêve et à l’illusion.
© Butz&Fouque
Une double mise à nu se met alors en place, celle du comédien qui se livre sur scène au regard pour raconter et dire, le spectateur qui tire le rideau devenant voyeur et complice et la mise à nu au sens propre, la chaire taboue exposée, évocatrice du désir sexuel et du caractère érotique du corps. L’image fixe le regard sur le corps. Le corps est désarticulé, expressif ou pose, à demi-nu. Des morceaux de corps exhibés ou des personnages aux positions suggestives troublent le spectateur et créent une tension érotique, le corps devient fantasme et fétiche du désir sexuel. Tantôt glamour, sensuel ou extravagant, le corps rappelle et questionne sans cesse les clichés qu’on lui appose. Les stéréotypes et symboles du corps véhiculés par la mode, le cinéma ou encore l’art transparaissent dans ses figures et silhouettes absolument lisses et colorées.
C’est donc le corps fétiche qui est au cœur de la photographie. Le corps fétiche comme objet support de pouvoirs surnaturels, créature se dédoublant, se transformant dans un monde fantastique. Le corps fétiche comme source de désir, de sensualité, de pulsion érotique. Le corps enfin, comme sujet fétiche du photographe qui le réinvente sans cesse par la mise en scène, l’image et l’esthétisation.
© Butz&Fouque