© Satoki Nagata - Millenium Park, Chicago - 2013 - Courtesy de l’artiste et de la Galerie Da-End
En 1897, le physiologiste britannique Sir Charles Scott Sherrington (1852-1952) permet une avancée majeure dans le domaine des neurosciences en introduisant dans le vocabulaire médical le terme de «synapse». Du grec σύναψις (syn = ensemble et haptein = toucher, saisir ; au sens de connexion), la synapse désigne le point de jonction entre deux cellules nerveuses, assurant la transmission des informations de l’une à l’autre.
En invitant pour la première fois le photographe japonais Satoki Nagata à montrer ses clichés poétiques aux côtés des impressionnantes sculptures de verre de la plasticienne Kim KototamaLune, la Galerie Da-End souhaite une fois de plus créer des liens, faire naître un dialogue visuel, entre deux univers a priori éloignés.
Ex-neuroscientifique arrivé par passion à la photographie, Satoki Nagata tente à travers ses clichés de révéler les relations d’interconnexion qui façonnent notre existence. Par de subtiles captations de lumière, il sublime les figures anonymes dont il saisit la silhouette sur le vif dans les rues de Chicago, où il réside depuis le début des années 1990. Sous l’effet des longs temps d’exposition et du travail au flash dont il a fait sa marque de fabrique, les corps photographiés perdent leur substance et semblent se fondre avec les éléments urbains ou naturels qui les entourent.
© Satoki Nagata - Michigan Avenue, Chicago - 2011 - Courtesy de l’artiste et de la Galerie Da-End
Ces images captivantes de Satoki Nagata dévoilent les infimes moments de grâce d’un quotidien soumis au rythme de la ville, et entraînent une mise en perspective nouvelle de l’homme au sein de son environnement. Cette démarche liée à la cosmologie bouddhiste trouve une résonance particulière dans sa mise en parallèle ici avec les œuvres de Kim KototamaLune, elles-mêmes imprégnées d’un message ontologique à la fois intime et universel.
Née en 1976 à Hô-Chi-Minh-Ville, Kim KototamaLune vit et travaille en France où elle a longtemps multiplié les apprentissages de techniques dites « traditionnelles » (textile, modélisme, etc.) avant de s’intéresser au verre qu’elle file sans matrice « par le vide », soudure après soudure, réseau après réseau jusqu’à l’apparition d’une forme. « Le verre, un solide ayant oublié sa nature moléculaire liquide, s’avère être un médium approprié pour exprimer cette dimension à la fois forte et fragile de la vie, » explique l’artiste. « De la matière côtoyant l’immatériel de manière troublante, faisant alors apparaître l’invisible dans le visible. »
Les sculptures de Kim KototamaLune laissent émerger des mondes imaginaires en rapport avec le réel, la biologie, la botanique. Leur beauté organique interroge la représentation de phénomènes imperceptibles liés à la génération des corps, leur métamorphose ; ces espaces d’entre-deux, révélateurs du passage d’un état à un autre.
© Kim Kototamalune - Jardin des Veilles - 2015 - Courtesy de l’artiste et de la Galerie Da-End