Tente de Salima. Katsikas, Grèce © Bruno Fert / Médecins Sans Frontières
Expositions du 17/1/2017 au 17/2/2017 Terminé
L'Aiguillage galerie 19 rue des Frigos (rdc bât B) F-75013 Paris France
Communiqué de presse - Photographies et recueil de témoignages par Bruno FertL'Aiguillage galerie 19 rue des Frigos (rdc bât B) F-75013 Paris France
Bruno Fert a choisi de parler des migrants en montrant leurs habitations. Ces abris, bien que provisoires, reflètent la singularité́ de ceux qui y logent. Ils racontent leur vie à un moment difficile et important de leur parcours. « Je suis parti à la rencontre des populations migrantes qui franchissent la Méditerranée pour trouver refuge en Europe. J'ai choisi de photographier les intérieurs des abris aménagés, le temps d'une étape, au sein des camps ou des « jungles » en France et en Grèce.
Montre-moi où tu habites, je te dirai qui tu es
Un intérieur est un lieu de vie, un foyer. C’est un lieu d’intimité. Il reflète ce que chacun possède et ce qu’il est, l’identité comme les aspirations. Ce qui m’intéresse c’est la façon dont ces hommes et ces femmes reconstituent un foyer avec quelques objets : objets gardés tout au long du voyage en souvenir de leur vie passée, objets fabriqués ou achetés pour améliorer leur quotidien, transformer leur refuge et éloigner leur détresse.
Cabane d'Althaher. Calais, France © Bruno Fert / Médecins Sans Frontières
Regarder l'habitat comme un dénominateur commun
Le critique Julien Verhaeghe écrit à propos des photographies d’intérieurs prises par Hortense Soichet à la Goutte d'Or : « Habiter est un geste élémentaire, une conduite fondamentale participant à la production de soi et de son rapport aux autres. Du coup, ce projet photographique nous rappelle qu’Habiter, c’est aussi Etre, c’est aussi Vivre. » Habiter est donc ce que nous avons tous en commun. Que nous soyons nomades ou sédentaires, nous habitons tous. Les abris temporaires des populations migrantes reflètent leur personnalité́, tout comme nos appartements et nos maisons parlent de nous. C'est à partir de ce point commun que je veux amener le public à s’identifier, à se mettre à la place de l'autre en observant son lieu de vie. Et c'est justement pour que le public puisse se projeter que je photographie, dans un premier temps, ces lieux sans leurs habitants.
Portraits & témoignages
Aux images d’intérieurs viennent s’ajouter les portraits de leurs occupants. Réalisées sur fond neutre, ces images montrent les visages de ces hommes et de ces femmes en les dissociant du contexte. Ce n'est plus l'image d'un migrant qui marche dans la boue au milieu des tentes mais le visage d'un semblable. Le visage d'une femme ou d'un homme qui me regarde.
Ces portraits sont accompagnés de témoignages réalisés avec l'aide précieuse des interprètes de Médecins Sans Frontières ».
Salima, 33 ans et Reza, 10 ans © Bruno Fert / Médecins Sans Frontières
Des dizaines de millions de personnes fuient actuellement les conflits, l’extrême misère ou les persécutions dans le monde entier. Faute de voie d’accès sûre et légale, la seule option pour tous ceux qui cherchent à rallier l’Europe est d’embarquer pour des sommes exorbitantes sur des bateaux de fortune surchargés en Méditerranée, entreprenant ainsi le voyage le plus dangereux au monde pour les migrants et les réfugiés. Les équipes MSF sont mobilisées pour leur apporter soins et secours, notamment en Grèce et en France.
Calais, la « Jungle », France
Depuis septembre 2015, MSF a ouvert des activités dans le nord de la France pour venir en aide aux réfugiés. Une équipe MSF est présente à Calais sur le site de la Jungle où vivent des exilés qui ont fui notamment le Soudan, la Syrie, l’Afghanistan, l'Erythrée, dans des conditions misérables. Face au besoin d’hébergement devenu urgent avec l’hiver, MSF a commencé en novembre 2015 à construire des abris en bois. Ses équipes ont aussi apporté une assistance médicale, psychologique et juridique, notamment auprès des plus vulnérables, les femmes et les mineurs non accompagnés.
Depuis, une partie de la Jungle a été démantelée condamnant les migrants à s’entasser sur la moitié de la surface d’origine. Début septembre 2016, ils étaient près de 9000, vivant dans la crainte du démantèlement définitif de la Jungle, sans perspective.
Restaurant d'Awesome. Calais, France © Bruno Fert / Médecins Sans Frontières
Grande-Synthe, camp de la Linière, France
Le camp du Basroch à Grande-Synthe, près de Dunkerque, comptait environ 800 réfugiés, en octobre 2015. Début janvier 2016, ils étaient 2500 et parmi eux, beaucoup de familles avec de jeunes enfants. Les conditions de vie y étaient indécentes. En janvier 2016, les équipes logistiques de MSF ont lancé les travaux d’aménagement d’un nouveau site pour les réfugiés. Le camp dit de la Linière a été ouvert en mars 2016, permettant de reloger 1200 personnes dans des abris privatifs, avec accès à des sanitaires.
Ioannina, camp de Katsikas, Grèce
Suite à l’accord signé entre l’Union européenne et la Turquie, seules les personnes arrivées avant le 20 mars 2016 sont autorisées à rester sur le sol grec et à effectuer les démarches de demande d’asile. En juillet 2016, environ un millier d’entre elles vivait dans le camp de Katsikas près de la frontière albanaise. Les réfugiés, dont beaucoup viennent de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, souvent issus de minorités fortement discriminées (Kurdes, Yezedis, ...), y vivent dans des conditions de vie très difficiles : les tentes prennent l’eau quand il pleut et de larges flaques de boue stagnante attirent les insectes. En été, la chaleur est accablante et les espaces ombragés sont inexistants. Depuis avril 2016, MSF leur fournit une aide médicale et psychologique.
Awesome, 43 ans, originaire du Pakistan © Bruno Fert / Médecins Sans Frontières
Le photographe
A l'âge de 12 ans, Bruno Fert égare les albums photos que lui avait confiés sa grand-mère: plus de photos de famille ! Depuis, il ne cesse de parcourir la planète et d'en photographier ses habitants. Admirant les portraits d'Auguste Sanders comme les paysages de Peter Bialobrzeski, Bruno Fert cherche à révéler des problématiques politiques ou sociales en nous les dévoilant sous un angle singulier. L’habitat, modeste refuge, logement de fortune ou ruines, revient souvent dans ses séries comme « Les Absents » ou « Les tentes dans la ville ». Ses images sont régulièrement publiées dans les journaux et les magazines comme Le Monde ou Le Nouvel Observateur. Son travail a été distingué par la Bourse du Talent, le World Press Photo, le Prix Roger Pic et le Prix de la Banque Neuflize.