© Vincent Bengold
Expositions du 9/2/2017 au 18/3/2017 Terminé
Arrêt sur l'image galerie 45 cours du Médoc 33300 Bordeaux 33300 Bordeaux France
Communiqué de presse - On ne rencontre pas l’Aubrac par hasard. Les routes que nous empruntons habituellement ne nous mènent pas jusqu’ici. Il faut faire un détour. Ce paysage n’est pas un décor, une composition, une fiction. Il est un sentiment soudé par le réel, une chose vue et vécue, un lien indéfectible entre soi et l’environnement. Il ne peut laisser indifférent celui qui l’accueille en lui, sollicitant à coup sûr sa rêverie. L’ Aubrac se déploie dans un dépouille- ment lunaire balayé par les vents, sublimé par le regard. Au cœur des régions volcaniques du Massif Central, ce vaste espace étendu sur trois départements (Aveyron, Cantal et Lozère) et deux régions (Au- vergne et Midi-Pyrénées) ne se laisse pas enfermer par nos bizarreries administratives. Il forme une espèce de bout-du-monde dénudé et suspendu, une haute terre à la chevelure rebelle qui appelle au renoncement. Lorsqu’on s’élève vers le calme lointain de ces montagnes, au bout du chemin, l’altitude se mue en élévation spirituelle.Arrêt sur l'image galerie 45 cours du Médoc 33300 Bordeaux 33300 Bordeaux France
La terre, renforcée par le ciel, offre une sensation à la fois d’espace infini et de retour sur soi, comme si l’ampleur déployée devant soi provoquait irrésistiblement l’isolement, le ressourcement. L’enfant qui est en nous s’élance alors sur cette mer intemporelle, quitte la pesanteur et la banalité austère des hommes. Il vole l’enfant. Il s’arrache à la terre pour mieux l’épouser. Il court, déploie son âme à perdre haleine. Il accepte son vertigineux envol ; il se projette à perte de vue ; il retrouve l’horizontalité animale. C’est une plongée dans la nature, une nature bancale, irrationnelle, rude, travaillée, cabossée par le temps. Le plateau de l’Aubrac est une montagne horizontale, un paradoxe. En s’offrant à ces horizons, le promeneur quitte le temps. Ses pas s’effacent. Il n’existe plus que l’immensité face à lui. On ne se retourne pas dans l’Aubrac, on avance, sans ancrage.
La marche devient alors une histoire, celle que l’on écrit en toute liberté, au gré de ses fantaisies. Très loin du découpage mesquin en parcelles que les hommes ont imposé aux pâturages, l’ample terroir respire en harmonie. Du regard surgit alors une émotion intense, la gorge se noue et l’on ressent physiquement ce vaste espace dans lequel tout le corps est projeté. Car on n’observe pas ces étendus désertes, on s’y immerge comme on plonge dans un océan. Dès lors se joue une relation intime qui fonctionne comme une étreinte démesurée.
Alain Bouldoires
© Vincent Bengold
© Vincent Bengold