Jeudi 18 Octobre 2012 08:24:32 par actuphoto dans Expositions

Dans un intéressant retournement, les photographies de Robert Schwarz opèrent une mise en abîme fascinante de la dialectique œuvre-spectateur et de la représentation du nu féminin. Nous voici regardant une œuvre photographique dans laquelle un modèle féminin nu déambule dans un musée, lieu où l'on se rend habituellement habillé. Présence furtive, parfois méditative, il découvre des chef-d'œuvres majeurs de l'Histoire de l'art, et du nu : ceux de Schiele, de Klimt, la plupart prises au Musée Léopold de Vienne, en Autriche, à l'occasion de l'exposition « La vérité nue » Juste un goÛt pour le scandale ? Il faut passer outre le parfum de transgression que distille l'expérience de la nudité dans un lieu public pour saisir toute la profondeur de cette confrontation, subtile et âpre, malgré la douceur de la lumière, le corps à corps parfois, entre la femme comme corps et le corps représenté, entre dénuement et ornementation, fantasme et réalité, sublimation et fragilité. Le nu, et en particulier le nu féminin, est un élément classique et récurrent de l'histoire de l'art. Mais aujourd'hui, il n'est plus tant objet de représentation esthétique que vecteur de réflexion, de questionnement, de subversion. Mais à la différence d'un Spencer Tunick, mettant en scène le corps nu comme un matériau visuel, ou d'un corps vécu comme cathédrale de douleur d'une Gina Pane, Robert Schwarz se penche sur la réalité intime, sensible, vivante de la nudité. Clin d'œil à Marcel Duchamp, sa série « Nu visitant une exposition » ouvre un face à face réellement inédit avec l'histoire de l'art, et prend alors des chemins de traverses inexplorés. Marie Deparis