© Michel Trehet
Expositions du 9/12/2016 au 13/2/2017 Terminé
Cité de l'Architecture et du Patrimoine 1 place du Trocadéro 75116 Paris France
Communiqué de presse -Cité de l'Architecture et du Patrimoine 1 place du Trocadéro 75116 Paris France
Photographies de Michel Tréhet. A l'œuvre, Antoine Grumbach et Dominique Châtelet, architectes urbanistes.
© Michel Trehet
L’expérience a duré six mois. Chaque semaine ils revenaient. C’était à la fois un jeu, et un défi. Il fallait tout capter de leurs tâtonnements, de leurs certitudes, de leur fatigue aussi, et de leur joie. Le photographe omniprésent saisissait leurs instants. Mission sable, sable absolument, sable seulement, aucun adjuvant au matériau, mais aucun thème : création ouverte.
Mission architecture, construire dans un espace temps très court avec les paramètres inéluctables de la friabilité et de la marée. Construire sur le sable, matériau magique aux relents d’enfance, n’est pas tant se prêter à un jeu que se confronter à l’inexorable. C’est susciter des solutions pour rendre le rêve possible, composer avec la matière, faire, envers et malgré. Gagner sur le temps. Pactiser avec le temps.
Se posait non seulement la question technique du matériau et du terrain, mais du devenir de leurs créations : pour la première fois, ils bâtissaient une fin programmée, une fin contenue dans l’histoire, depuis la naissance de l’ouvrage à sa ruine, et à sa disparition.
Très vite on a vu que l’un construisait des villes, des grands-places, et l’autre des bâtiments, des aqueducs, des canaux, des murailles, et des monuments.
Non loin l’un de l’autre, leurs territoires parfois se côtoyaient, s’imbriquaient dans une jubilation et une connivence amusée.
Ils renouaient avec les gestes immémoriaux du bâtisseur. À genoux dans le vent, le sable leur filait entre les doigts. Armés de pelles et de truelles, ils délimitaient leur territoire, évaluaient la solidité, traçaient, creusaient, moulaient. Mettaient en forme et donnaient vie à l’idée.
Le combat était inégal et somptueux. À la fin de chaque histoire, la dilution dans l’eau, l’engorgement, l’effritement étaient les moments magiques. Ils avaient mesuré l’exacte victoire de l’eau, imaginé par avance son passage en force. L’eau suivait le chemin rêvé. La submersion était bientôt accomplie, mais la défaite était provisoire. L’idée était consignée.
Martine Tina Dassault
Vernissage le 8 décembre à 18h
© Michel Trehet