Petite fille en rouge, 80x107cm, Hasselblad numérique, 2015, Tirage: 7 exemplaires © Jérôme Tisné
Expositions du 17/11/2016 au 14/1/2017 Terminé
Galerie Pascal Gabert 11, bis rue du Perche 75003 Paris France
CommuniquéGalerie Pascal Gabert 11, bis rue du Perche 75003 Paris France
Pendant très longtemps, il m’était impossible de me pencher sur mes archives... Ma première photographie représente un peintre du dimanche à Montparnasse, faite avec un 6x9 à souffrir et acheté aux Puces. Le tirage est fait par contact à l’aide d’un « châssis » dans le lavabo de ma chambre. J’avais tout juste 13 ans. Regarder des vieilles photos était douloureux, trop de souvenirs remontaient en moi, trop d’amis disparus, trop de moments à jamais passés, cela m’oppressait et très vite j’en abandonnais l’idée.
Après l’expo sur les « Nus » j’ai commencé à travailler sur le « Flou », il y avait déjà avec les « Nus » des photos surexposées ou sous-exposées, très blanches, très noires. Avec le flou, la boucle est bouclée : ce sera la 4ème exposition de photographies « Ratées ». Cela me plait, c’est ma liberté...
Je vous présente ces quelques photos que seule votre imagination pourra terminer, le ou c’est une photographie en devenir, elle est en cours, fugitive, pas objective, c’est comme une évocation. C’est votre liberté. Mais j’avais aussi depuis quelque temps déjà une envie irrésistible de « petits formats », des petits tirages qui nous obligent à se pencher sur eux, comme pour les découvrir, comme s’ils s’adressaient de manière intime à vous, un tirage photographique que l’on ne peut presque pas regarder à deux, quelque chose de personnel qui demande de l’attention.
Nu 027, 40 x 53,5 cm, Polaroïd 20 x 25, 2003-2010 © Jérôme Tisné
Pour cela, il fallait revisiter mes archives, mes photographies de paysages, de beauté, mais aussi de mode ou personnelles. Bizarrement cela a été très fluide, j’ai commencé par regarder des milliers de photographies, d’en faire des petits tirages ou des scans de les mettre sur mon mur, par séries.
Il fallait vivre avec, jour après jour. Au fur et à mesure j’en enlevais. Toutes celles qui me lassaient que je n’avais plus envie de regarder le lendemain, hop, dans une boîte. J’ai décidé ensuite de faire moi-même les encadrements, le plus simple possible, faire moi-même les tirages de 8cm sur le plus petit côté, un carton sans acide avec une attache, une marie-louise, un verre et du papier collant kraft.
Pêcheur, baie de somme, 105 x 105 cm, Hasselblad argentique, 2012 © Jérôme Tisné
La réalisation, laborieuse au départ, devint plus aisée comme un apprenti qui apprend à faire un travail. C’était comme un test; encadrer une photo, c’est long mais cela voulait dire qu’elle avait passé l’épreuve, et j’ai aimé ce travail artisanal, précis, répétitif. Cela m’a pris deux ans.
Ça me plaisait aussi cette histoire de temps, que cela soit long.
Voilà donc l’expo chez Pascal Gabert, ce n’est pas « Flou » ou « Petits formats » c’est « photographies 1971-2016 » parce que c’est à partir de 1971 que je suis devenu officiellement photographe et que j’ai gagné ma vie.
Jérôme Tisné