© José Ramón Bas
Lors de ses voyages, José Ramón Bas ne prend pas de note, mais fait des photographies qu’on ne peut qu’abusivement associer à des images de voyages.
Elles ne documentent en effet aucunement les étapes remarquables d’un périple. Prises avec des appareils bon marché ou pour enfants, dont la faible technicité n’interfère pas avec la spontanéité du photographe, ces images sont volontairement imparfaites. Souvent surexposées ou floues, elles constituent une matière brute que l’artiste réinvestit de ses souvenirs.
En effet, José Ramón Bas les assemble et les retouche. Il colle des bouts de papier découpés, ajoute des mots et laisse libre cours à une graphie sommaire. Il aime créer un cadre dans le cadre, mettre l’accent sur un détail en l’encerclant ou prolonger une image pour la faire dialoguer avec sa voisine ou esquisser un récit. Puis il fige cette libre reconquête des sensations et des sentiments éprouvés en incluant le tirage retouché dans un bloc de résine qui donne à l’image une épaisseur, une matière et une odeur qui ajoutent à l’émotion transmise au spectateur.
C’est en 2011 que José Ramón Bas a commencé à travailler avec l’Espace Jarrot.
Situé à Brazzaville, en République du Congo, cette structure mène depuis 1997 une action d’accueil, d’éducation et de formation vers les enfants et adolescents des rues, pour ainsi réinsérer socio-professionnellement ces derniers. Il y a piloté plusieurs projets photographiques et a réalisé un documentaire intitulé « Bango », en collaboration avec la Fondation Almayuda*. Ce travail au long cours lui a permis d’établir une relation très personnelle avec ces jeunes hommes et de les impliquer au-delà même de la dimension artistique du projet, en mettant en place un suivi personnel pour plusieurs d’entre eux.
« Espace 1 » est un projet qui mêle photographies et dessins, réalisés durant le tournage du documentaire. Il montre comment les jeunes hommes se sont investis dans la transformation de l’Espace Jarrot et ont pris part aux activités de celui-ci. Ils ont ainsi pu, grâce aux différents matériels fournis, peindre, décorer et agencer le lieu à leurs goûts, pour leur permettre de rénover celui-ci et de mettre en valeur le travail et l’engagement nécessaires à cet embellissement.
L’exposition est conçue comme une séquence d’images, réunies en triptyques, imprimées en offset, sur lesquelles se déploient des dessins aux techniques variés. Cette galerie de portraits contextualisés permet de ressentir les émotions et les énergies qui ont nourries tout du long ce projet.
José Ramón Bas s’est toujours intéressé au voyage et la mémoire. Il s’agit ici d’un nouveau périple émotionnel et onirique, dont le point de départ est cet espace. Sur cette matière originelle visuelle José Ramón Bas projette ses propres souvenirs, ses propres rêves.
Tout comme ses premiers travaux réalisés à Cuba en 1996 et pour lesquels il coloriait déjà à la main ses photographies en noir et blanc, il intervient sur ses images en y adjoignant différents graphismes et textes, mais dont les auteurs sont cette fois-ci les enfants.
© José Ramón Bas