© Cédric Van Turtelboom, série “Noroc”, 2009-2015.
Expositions du 21/9/2016 au 13/11/2016 Terminé
Contretype, Bruxelles 4A, Cité Fontainas 1060 Bruxelles Belgique
Communiqué de presseContretype, Bruxelles 4A, Cité Fontainas 1060 Bruxelles Belgique
Quand on y réfléchit, ce qui nous étonne dans NOROC n’est pas en soi extraordinaire. Le plus souvent ce sont des choses que l’on retrouve partout avec tout juste quelques variations minimes auxquelles Cédric Van Turtelboom prête justement grande attention.
Ce n’est donc pas le lieu qui produit les bizarreries, mais c’est plutôt son regard qui en est le catalyseur, comme une sorte de paratonnerre de l’étrangeté ambiante. Ce pas de côté qui nous déstabilise est une constante de ses photographies. Leur grande vertu est de nous apprendre à en tirer parti. En effet, si ne pas comprendre ce qui nous est lointain ne nous étonne pas, en revanche, nous trouver devant l’énigme de ce qui nous semble un tant soit peu familier nous inquiète. C’est sur ce fil entre ce que nous croyons connaître et ce qui nous semble étranger que le photographe nous entraîne en funambule. Sa force est de nous amener à l’y suivre au mépris des vertiges et des pertes de repères. Sa singularité par rapport à de nombreux photographes qui nous pointent des situations cocasses ou absurdes dans un monde par ailleurs stable et rationnel, c’est de nous avertir que la logique du monde est bien illusoire. Mieux, ou pis selon que nous soyons ou pas iconoclastes, que cette logique n’est qu’un effet d’optique.
C’est en défricheur de l’étrangeté du monde globalisé qu’avance Cédric Van Turtelboom. Les temps ne sont plus à la dénonciation des gâchis de la société industrielle, mais à l’apprentissage d’une vie nomade dans les no man’s land du sens. La façon dont notre planète s’est développée nous condamne désormais à être de plus en plus étrangers aux lieux qui nous ont vus naître, étrangers à ce que nous vivons, voire à nous-mêmes aussi. Mieux vaut donc apprendre à être les ethnologues de cet exotisme au quotidien. Ce que nous apprennent ses photographies, c’est que cela passe beaucoup moins par une esthétique que par une manière de voir sans concession, par un regard prêt à esquiver les trompe l’œil et autres faux-semblants des utopies dérisoires que nous a léguées le siècle passé. Au milieu de cette jungle inextricable, c’est une capacité bien utile que de pouvoir continuer à avancer avec lucidité.
Jean-Marc Bodson
© Cédric Van Turtelboom, série “Noroc”, 2009-2015.