« Photographier : c’est retenir son souffle quand toutes nos facultés convergent pour capter la réalité fuyante. » Henri Cartier-Bresson Henri Cartier-Bresson n'est pas « seulement » l’un des photographes les plus reconnus mondialement. En une poignée de documentaires à peine, réalisés des années 30 à 70, HCB atteste d’une affection particulière pour le cinéma, un médium qu'il conçoit comme "une alternative à la photographie dans la manière de voir le monde et d'en saisir le mouvement." Peu de temps avant sa mort, un projet sous l’égide de la Fondation HCB lui tient particulièrement à cœur : il souhaite que l’intégralité de ses films soit éditée en DVD pour que ces derniers connaissent un nouveau public. Ce coffret hommage contient 5 oeuvres majeures réalisées par Henri Cartier-Bresson cinéaste. Séléctionnés par Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque française, une série de documentaires consacrés à l’artiste permet de (re)découvrir une oeuvre cinématographique forte et rare. Ainsi, nous pourrons approcher de plus près « l’œil du siècle » et connaître « l’histoire [de ce] regard », comme l’a écrit son biographe Pierre Assouline. - DVD 1 / HENRI CARTIER-BRESSON LE RÉALISATEUR : DÉCOUVREZ LES CINQ ŒUVRES RARES QU’IL A RÉALISÉES. • Victoire de la vie (1938), documentaire d’Henri Cartier-Bresson sur l’entraide médicale au service de l’Espagne républicaine assaillie par les troupes du Général Franco. 47’ • L’Espagne vivra (1938), second documentaire de Henri Cartier-Bresson sur la Guerre d’Espagne, réalisé pour le compte du Secours Populaire, avec un commentaire de Georges Sadoul. 44’ • Le Retour (1945), un témoignage documentaire d’Henri Cartier-Bresson qui évoque en images le long chemin harassant de millions d’hommes, prisonniers de guerre, se croisant sur les routes d’Allemagne en chemin vers leurs foyers. 33’ • California Impressions et Southern Exposures, deux documentaires en couleur tournés en 1970 pour le compte de la chaîne de télévision CBS News, sont des carnets de voyage d’Henri Cartier-Bresson dans l’Amérique profonde. 25’ et 26’ DVD 2 / UNE MISE EN PERSPECTIVE DE SON ŒUVRE CINÉMATOGRAPHIQUE GRÂCE À UNE SÉRIE DE DOCUMENTAIRES QUI LUI SONT CONSACRÉS. • Henri Cartier-Bresson, Biographie d’un regard de Heinz Bütler (2003), un des derniers films tournés avec la complicité du photographe. HCB commente plusieurs de ses photos. Témoignages d’Isabelle Huppert, Arthur Miller, Josef Koudelka, Elliott Erwitt, Ferdinando Scianna et Robert Delpire. 52’ • L’aventure moderne de Roger Kahane (1975) nous montre HCB au travail. Le regard en éveil, le photographe guette sa proie, le Leica invisible dans une main. 29’ • Contactsde Robert Delpire filme les planches contact de H. Cartier-Bresson. Au-delà de la surface photographique, la profondeur d’un regard sur le monde. 12’ • Flagrants délitsde Robert Delpire (1967) est un film de pur montage réalisé à partir des photographies les plus célèbres de HCB, accompagné d’une musique originale de Diego Masson. 22’ • Une journée dans l’atelier d’Henri Cartier-Bresson réalisé par Caroline Thiénot Barbey (2005) filme HCB en train de dessiner et peindre. Une réflexion libre sur l’enfance de l’art. 16’ • Écrire contre l’oubli, un film de Martine Franck et Henri Cartier-Bresson, réalisé pour Amnesty International (1991). Cartier-Bresson exprime sa colère dans une lettre au Président de la Mauritanie, après avoir appris la mort de Mamadou Bâ, un jeune berger assassiné par des gardes nationaux.3’ - LE LIVRET Un livre (100 pages, 192x137) illustré de nombreuses photos et constitué de textes de Serge Toubiana éclaire l’œuvre cinématographique d’Henri Cartier-Bresson. Articles et documents d’époque complètent cet ouvrage inédit. BIOGRAPHIE HENRI CARTIER-BRESSON Né en 1908, à Chanteloup (Seine-et-Marne), issu d’une famille aisée, Henri Cartier-Bresson (HCB) fait ses classes secondaires au lycée Condorcet à Paris. Passionné d’art, il étudie la peinture auprès d’André Lhote, un des premiers cubistes, à Montparnasse en 1927-1928. Il fréquente assidûment les cercles surréalistes parisiens. C’est en 1931, de retour d’un voyage en Côte-d’Ivoire où il prend ses premiers clichés avec un Krauss d’occasion, que HCB décide de se consacrer à la photographie. Il achète son premier Leica à Marseille en 1932, un petit appareil maniable et léger, portable au poignet. « Il est le prolongement de mon oeil », dira-t-il plus tard. En 1933, il expose pour la première fois à la Galerie Julien Levy à New York. En 1939, il filme la lutte des Républicains espagnols avant de rejoindre l’armée française. En 1940, il est fait prisonnier par les Allemands. Après 3 ans de captivité et trois tentatives d’évasion, il y parvient en 1943. Il participe au MNPGD, le mouvement clandestin d’aide aux prisonniers et évadés puis photographie la Libération en 1944. En 1947, il fonde l’agence coopérative Magnum Photos avec Robert Capa, David Seymour et George Rodger. Il se consacre au grand reportage et parcourt le monde: il voyage aux Etats-Unis, en Asie pendant trois ans (Inde, Chine, Indonésie), en URSS (il est le premier photographe admis sur le territoire soviétique après la Détente), au Mexique, à Cuba ou au Japon. Son don, c'est justement la « vision », l'instinct de se trouver là - au bon moment. Il saisit Gandhi trois quarts d'heure avant son assassinat et atteint Pékin douze jours avant l'arrivée des armées de Mao en 1949... Il devient le « père nourricier » du photojournalisme du XXème siècle et l’un des photographes les plus reconnus internationalement. Son art photographique, qui s’illustre dans le reportage de rue, la représentation des aspects significatifs de la vie quotidienne, est célébré pour la précision au couperet et le graphisme de ses compositions toujours non recadrées au tirage. A partir des années 1970, il se consacre au dessin. Il épouse la photographe Martine Franck. Avec elle et leur fille Mélanie, ils créent en 2003 la Fondation Henri Cartier-Bresson, destinée notamment à rassembler son oeuvre et à créer un espace d’exposition ouvert à d’autres artistes. Il s’éteint le 3 août 2004 à Montjustin, en Provence HENRI CARTIER-BRESSON ET LE CINEMA Outre la photographie, la peinture et le dessin, Henri Cartier-Bresson a toujours manifesté un intérêt pour le cinéma. En 1935, alors qu’il séjourne aux Etats-Unis où il prend ses premiers clichés de New York, HCB rencontre et assiste le photographe et cinéaste Paul Strand qui l’initie au cinéma. De retour en France, sa fréquentation des groupes surréalistes l’amène à contacter Luis Buñuel, mais le réalisateur de L’Age d’or et Las Hurdes refuse de l’engager. C’est Jean Renoir, en 1936, qui offre à HCB sa première expérience de mise en scène sur "La Vie est à nous". Le film est une commande passée par le Parti communiste Français à quelques mois des élections de 1936 qui verront le Front Populaire l’emporter très largement. "Ce moment était un moment d'enthousiasme, dira Jean Renoir. Sorte de feu d'artifice avant la catastrophe. » Renoir l’engage de nouveau sur "Une partie de campagne(1936)", en tant que second assistant - il rencontre à cette occasion Luchino Visconti et Jacques Becker, puis sur La Règle du Jeu, en 1939. HCB délaisse la fiction pour le documentaire qui devient son genre de prédilection. « Je savais que je ne ferais pas de mise en scène, probablement des documentaires, car je n'ai pas d'imagination littéraire. [...] et les grands films, je crois, sont faits pour des gens qui se rapprochent des romanciers", explique-t-il. En 1937, en pleine guerre civile, il réalise son premier documentaire, Victoire de la Vie, sur les hôpitaux de l’Espagne républicaine, alors assaillie par les troupes de Franco. Suivra L’Espagne vivra, une commande du Secours Populaire Français et des Colonies. Le commentaire, à la rhétorique politique et militante, est signé Georges Sadoul. Lorsque la guerre éclate en 1939, HCB est gradé Caporal et la mission de son unité consiste à photographier et filmer la guerre. A la Libération, il entreprend un film sur le retour des prisonniers d’Allemagne dans leurs pays respectifs. Fait d’images d’archive, d’images de guerre prises par les alliés et de prisonniers allemands, "Le Retour" enregistre l’ouverture des camps. La liesse populaire saluant les armées libératrices laisse vite la place à l’insoutenable de l’horreur concentrationnaire. Enfin, en 1969 et 1970, HCB réalise deux documentaires pour la chaîne de télévision CBS News. Tournés en couleur, "Impressions de Californie" et "Southern Exposures" sont deux témoignages sur l’Amérique profonde où la prodigalité des richesses côtoie de près l’indigence et la misère humaine. FILMOGRAPHIE • 1936 : La Vie est à nous. Réalisation : Jean Renoir. Second Assistant : Henri Cartier-Bresson. Production : Parti Communiste Français. Durée : 66 minutes. Noir et blanc • 1936 : Une partie de campagne. Réalisation :Jean Renoir. Premier Assistant : Jacques Becker. Second Assistant : Henri Cartier-Bresson. Production : Pierre Braunberger. Durée : 40 minutes. Noir et blanc • 1939 : La Règle du jeu. Réalisation : Jean Renoir. Assistant réalisateur : Henri Cartier-Bresson, André Zwobada, Carl Koch. Production : La Nouvelle Edition Française. Durée : 112 minutes. Noir et blanc. • 1937: Victoire de la vie. Réalisation : Henri Cartier, avec Herbert Kline. Produit par la Centrale sanitaire internationale. Durée : 49 minutes. Noir et blanc. • 1938 : L’Espagne Vivra. Réalisation : Henri Cartier-Bresson. Produit par le Secours Populaire de France et des Colonies. Durée : 43 minutes et 32 secondes. Noir et blanc. • 1944 - 45 : Le Retour. Production : U.S Army Signal Corps, Captain G. Krimsky and Office of War Information (OWI), Norma Ratner. Conseiller technique : Henri Cartier-Bresson (Stalag VC), avec le concours du lieutenant Richard Banks. Durée : 32 minutes et 37 secondes. Noir et blanc. • 1969 - 70: Impressions of California. Réalisation : Henri Cartier-Bresson. Production : Peter Callam, John Mayer, Judy Osgood. Durée : 23 minutes et 20 secondes. Couleur. • 1969 - 70: Southern Exposures. Réalisation : Henri Cartier-Bresson. Production : Jimmy Murphy, Ross Williams, Martine Franck et John Hockenberry. Durée : 22 minutes et 25 secondes. Couleur. - LE « SCRAPBOOK » D’HENRI CARTIER-BRESSON 21 septembre - 23 décembre 2006 Dans le cadre du Mois de la Photo 2006 La Fondation HCB est heureuse de présenter au public du 21 septembre au 23 décembre 2006 un nouveau pan de sa collection, l’un de ses trésors maintenant restauré : le Scrapbook. Cette sélection remarquable de tirages réalisés par Cartier-Bresson lui-même en 1946 constitue une étape très importante dans l’appréhension de son œuvre, qui n’avait jamais été vue sous cet angle. En 1943, le Museum of Modern Art de New-York (MoMA), pensant que Cartier-Bresson avait disparu pendant la guerre, préparait une exposition « posthume » de son travail. Cartier-Bresson, qui venait de s’évader, apprit la nouvelle avec joie et décida de faire un bilan de son œuvre préparatoire à l’exposition. Il tira 346 images qu’il colla dans un album - le «scrapbook» - avant de les montrer au MoMA. La plupart de ces photographies étaient inédites à l’époque ; beaucoup sont devenues emblématiques aujourd’hui. L’exposition fut inaugurée en février 1947, quelques mois avant la création de Magnum Photos. > Site de la Fondation Henri Cartier-Bresson : http://www.henricartierbresson.org SORTIE DU COFFRET LE 20 SEPTEMBRE 2006. MK2. 39,90 euros. > Site MK2 : http://www.mk2.com/new/home/home.asp