Power Girl (série All Star) (16021001), 2016 ©VALERIE BELIN Courtesy de l’artiste et Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles
Expositions du 10/9/2016 au 29/10/2016 Terminé
Galerie Nathalie Obadia - Paris 3 Rue du Cloître Saint-merri 75004 Paris France
Communiqué de presse de la Galerie Nathalie ObadiaGalerie Nathalie Obadia - Paris 3 Rue du Cloître Saint-merri 75004 Paris France
La Galerie Nathalie Obadia est très heureuse de présenter All Star, la première exposition de Valérie Belin à la galerie de Paris, après Still Life en 2014 à la galerie de Bruxelles.
Valérie Belin présente All Star, une nouvelle galerie de portraits de super-héroïnes photographiées dans un style évoquant la bande dessinée. La série comprend une collection de onze photographies en couleur intitulées Miss Marvel, The Stranger, Carol, The Avenger, All Star, After Thor, Super Girl, Confessions of the Lovelorn, Golden Girl, Power Girl et Black Canary.
L’artiste explore cette fois l’univers des comics – qu’elle utilise comme matériau graphique et expressif pour créer une « rencontre » avec des personnages qu’elle a elle-même fabriqués. La rencontre s’effectue par le biais d’une composition sophistiquée où le mouvement, les lignes, les motifs et les rapports d’échelle contribuent à la création de chocs visuels (on y voit par exemple des personnages dessinés de la taille d’une bouche ou d’un cou, ou bien des titres surdimensionnés qui traversent le personnage à des endroits précis comme le front et la gorge...). Le tout est accompagné de motifs décoratifs vectoriels trouvés sur Internet, comme dans la précédente série Super Models (2015).
Toile de fond numérique de ces photographies, les comics nous offrent un terrain narratif optimiste, gai, naïf, fantaisiste et plutôt jubilatoire. C’est un univers expressif, qui nous montre sans ambiguïté les relations entre les êtres, les actions et leur but ; c’est le monde de l’instant présent, vécu avec l’intensité dramatique et le suspense qui en sont les ingrédients.
Ce microcosme qui tourne rond, facile à comprendre, vient s’imbriquer avec des personnages qui semblent absolument étrangers à ce tourbillon d’énergie spontané et enfantin.
Ces personnages sont des femmes à la beauté contemporaine. Elles sont coiffées et maquillées de manière naturelle, ainsi qu’élégamment vêtues de chemisiers aux motifs printaniers choisis par l’artiste, mais elles posent par contraste dans un style dépressif sous la lumière crue du studio parisien. Les couleurs, dénaturées par l’adjonction de noir et des irisations presque métalliques, s’écartent délibérément de la palette naturaliste et nous montrent des personnages dans leur dimension mentale ou psychique plutôt que physique.
Venu de l’arrière-plan, le monde des comics s’immisce dans l’épaisseur des portraits, les traverse, les pénètre et fusionne avec eux. Cette forme particulière d’incrustation met en scène un contraste à la fois esthétique et émotionnel avec les personnages montrés, dont le caractère sombre, angoissé et tourmenté est de ce fait mis en évidence.
D’un point de vue fictionnel, ces jeunes femmes, qui semblent vivre dans un monde clos, ne trouvent de lumière que par les lueurs imaginaires et dessinées des comics : étincelle d’un regard, reflets divers, effet d’un sourire Ultra Brite, blancheur angélique de personnages ou d’animaux ailés, éclat d’un poignard, fumée d’explosifs. La composition en spirale des éléments des comics vient ainsi concrétiser le caractère circulaire et obsessionnel du monde mental dans lequel ces jeunes femmes évoluent.
Tout ce passe donc comme si au contact de ces « super-héroïnes » possédées intérieurement par la vie, le monde des comics et sa dynamique joyeuse se transmuait en substance mentale. Ainsi le foisonnement des éléments dessinés (héros en chute libre, coup de poing, bulles, gros titres, etc.) se condense en un désordre, voire un chaos qui vient saturer l’espace mental des personnages.
Par son coté noir et presque apocalyptique, ces portraits s’apparentent à l’esprit dark fantasy (fantaisie noire), sous-genre des littératures de l’imaginaire dans lequel les distinctions entre le bien et le mal s’effacent au profit d’une ambiguïté morale et d’actes égoïstes. On peut considérer à ce titre ces héroïnes comme des victimes hitchcockiennes dont la vengeance ne saurait tarder à s’exprimer. Chacune nous révélant des mécanismes invisibles qui sont à l’œuvre tant sur le plan individuel que collectif.
Cette nouvelle série s’inscrit dans une thématique propre de l’artiste. Elle est l’expression d’un chaos déjà exploré dans la série Still Life (2014) qui nous donnait à voir le désordre de notre société de consommation. Dans cette dernière série All Star, Valérie Belin explore la toxicité d’un monde mental chaotique, agité, saturé et obsessionnel.
À l’occasion de l’exposition All Star, les Éditions Damiani publient la seconde grande monographie consacrée à Valérie Belin sur son travail de 2007 à 2016, après la publication en 2006 par les Éditions Steidl qui reproduisait son œuvre de1993 à 2006. Cette monographie présentera des textes de Quentin Bajac, Dork Zabunyan et Étienne Hatt.
Super Girl (série All Star) (16020301), 2016 ©VALERIE BELIN, Courtesy de l’artiste et Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles