© Guillaume Oliver
Expositions du 5/7/2016 au 9/7/2016 Terminé
Galerie Sitdown 4 Rue Sainte-Anastase 75003 Paris France
Galerie Sitdown 4 Rue Sainte-Anastase 75003 Paris France
Portraits de Peaux
Guillaume OLIVER
Se donner à voir, la personne au-delà de la maladie de peau
© Guillaume Oliver
Réaliser des portraits est depuis des siècles une activité artistique intéressante.Elle l’est notamment pour les Sciences Humaines et Sociales. L’histoire et l’ethnologie les mobilisent pour mieux comprendre les sociétés anciennes et/ou différentes. Les mises en scène de soi et des autres révèlent les teneurs des relations humaines. Entre fascination et exploitation, entre exposition et oppression. Surtout, la notion même de portrait est riche et polyvalente d’un point de vue symbolique. Le « portrait craché » indique une lignée, une filiation, le « portrait chargé » confine à la caricature, le portrait « parlé » devient signalement pour la police et la justice, etc. Ces quelques indications rappellent que le portrait publicise. Il participe potentiellement au contrôle des populations (déviantes, stigmatisées, etc.).
Avec cette exposition l’un des objectifs était justement de contrer le stigmate de la maladie de peau. La marque visible de l’atteinte cutanée est contrebalancée ici par la présence manifeste d’une personne qui fait don de soi en s’exposant aux yeux de tous. Dans l’optique d’un regard bienveillant, les desiderata des personnes sont respectés. Regarder ou pas l’objectif, se couvrir une partie du corps ou non, choisir ses vêtements pour l’occasion, etc. La photographie expose sans marquer d’une étiquette négative la personne qui n’est plus réduite à son tableau clinique, à sa pastille épidermique malade. Le portrait devient si ce n’est « flatté », en tous les cas, flatteur. Le stigmate de la maladie est retourné. Quelle belle initiative que cette bascule symbolique qui redonne humanité à une vie, à chaque vie, qui ne doit pas être diminuée...
Stéphane Héas, sociologue