© Christian Bragg, Untitled, 2012 - 2015, Lithography, 120x80cm, Edition of 5, Copyright of Christian Bragg, Courtesy of Galerie &co119
Exposition : 1 juillet - 27 août 2016 / Vernissage : 30 juin - 18h-21h
Lieu : Galerie &co119
« The World of Henri Cartier-Bresson », Thames & Hudson, 1968. Le livre du photographe français, offert à Christian Bragg par son père à l’âge de dix-neuf ans, décide le jeune homme : il sera photoreporter. Suivent des études de photographie à l’Université de Salford, en Angleterre, au cours desquelles Christian commence à voyager. Jeune diplômé, il fait le beau rêve de pouvoir changer le monde par la seule force de ses images. Il s’envole pour le Maroc, Cuba, Israël ou l’Irlande, au gré des opportunités et des commandes de magazines. Au Cambodge, lors d’un atelier avec la prestigieuse agence Seven, il fait la connaissance d’une légende du métier, l’américain James Nachtwey. Mais les doutes s’installent et il décide de ne pas suivre le même chemin. Comment photographier la guerre ou la famine pourrait finalement changer la face du monde ?
© Christian Bragg, Untitled, 2012 - 2015, Lithography, 120x80cm, Edition of 5, Copyright of Christian Bragg, Courtesy of Galerie &co119
Christian se souvient alors des campagnes publicitaires du photographe italien Oliviero Toscani. Plus jeune, lorsqu’il tombait sur elles en sortant du supermarché, ces grandes photographies en couleur l’interloquaient. Elles étaient source de bonnes questions : pourquoi ce bébé blanc dans les bras d’une mère noire ? Paradoxalement, c’est avec sa très large audience que la photographie publicitaire peut, sinon changer les choses, en tout cas provoquer le débat. Et lui reste en mémoire la perfection d’un portrait du mannequin Kate Moss, qu’il avait accroché dans sa chambre à 14 ans. Un cliché de Mario Sorrenti, à l’époque en couple avec le modèle, qui dévoile avec splendeur la fragilité de la beauté et l’intimité de leur relation. L’image, allégorique, est au service d’une publicité devenue célèbre pour un parfum Calvin Klein. Christian se tourne vers la photographie de mode et assiste de nombreux photographes, parmi les meilleurs. Il apprend la technique du studio et le travail de la lumière avec Miles Aldridge et bien d’autres. Il assiste tour à tour Richard Kern, Willy Vanderperre, Craig McDean, Jean Baptiste Mondino, Roe Ethridge ou C ollier Schorr. Installé à Paris en 2011, il passe 6 mois chez Paolo Roversi.
Dans le même temps, Christian explore le médium en enrichissant sa collection de livres photographiques, triés sur le volet. Sa bibliothèque accueille Robert Frank, William Eugene Smith, William Eggleston ou Paul Graham. Et les grands photographes du Japon, auxquels il voue un culte particulier. Il comprend bien cette photographie japonaise d’après-guerre, tout entière tournée vers la subjectivité, les hommes et le sentiment personnel. Dans ce panthéon personnel, l’artiste Kiyoshi Suzuki tient une place à part. Sensible au fait que le discret photographe japonais faisait de ses albums (publiés à compte d’auteur) de véritables œuvres d’art et le centre de sa vie artistique, Christian a pu aussi y trouver une source d’inspiration. C’est en associant leur amour pour la littérature avec leurs rêves et leurs voyages que ces deux photographes ont créé chacun leur propre langage photographique.
© Christian Bragg, Untitled, 2012 - 2015, Lithography, 120x80cm, Edition of 5, Copyright of Christian Bragg, Courtesy of Galerie &co119
Très attaché aux techniques d’impression, Christian savoure les livres anciens en noir et blanc dans lesquels la photographie est sublimée par l’héliogravure, un savoir-faire perdu qu’on utilisait alors dans l’édition lorsqu’une haute qualité d’impression était exigée. C’est naturellement qu’il s’est tourné vers l’héliogravure au grain pour réaliser cette année son premier livre, « I wish to see where the winds meet », qui propose au lecteur, et pour la première fois, son travail personnel. Ce corpus de photographies argentiques en noir et blanc constitue un voyage sensible et personnel qui interroge la mémoire et les souvenirs du photographe. A l’affût d’images imprégnées de poésie ou cueillant les bribes d’un monde réel, ces impressions fragmentaires laissent aussi le champ libre aux émotions du spectateur. Entièrement réalisée à la main, cette magnifique édition (27 exemplaires seulement) est le point de départ de notre exposition. Dans un souci de toujours réinterpréter ses images, huit photographies y ont été sélectionnées pour être tirées en lithographies de grand format sur une presse datant de 1850. Cette technique assure une longévité sans pareil et une intensité superbe aux images grâce à un papier d’art Velin BFK Rives au grain très fin et des encres d’impression très pigmentées qui offrent une excellente résistance à la lumière.
Christian Bragg est né au Royaume-Uni en 1979. Il vit et travaille à Paris.