Autoportrait © Sacha Golberger
« Ces temps-ci, il pleut à verse. Il pleut des phrases abjectes, imbéciles, terrifiantes. Partout. Elles sont partout. Yvan Attal a raison. «Il n’y a pas point de petite haine. La haine est toujours énorme. Elle conserve sa stature dans le plus petit être et reste monstre. Une haine est toute la haine.» (Victor Hugo). Pour combattre l’antisémitisme, sa désin- hibition crasse et fiérote – car ces temps-ci, certains sont devenus si fiers de leur haine qu’ils la revendiquent, la crient sur tous les toits, la déversent sur la toile comme s’ils n’avaient plus rien d’autre que ça pour se remplir ou exister –, pour tordre le cou aux regards obliques et torves, aux paroles ignorantes, aux préju- gés ou aux fantasmes sombres qui se posent sur les juifs et qui s’accrochent à eux comme une tique sur le dos d’un chat, il existe quelque chose dont seuls les hommes sont capables : l’humour.
© Sacha Golberger
Et lorsque l’on cherche dans le diction- naire un synonyme de ce mot, voici ce que l’on trouve : dérision, esprit, fantaisie, gaieté, ironie, plaisanterie, sel et verve. Une foule de noms qui racontent et embrassent la série de photographies de Sacha Golberger sur les Loubavitchs de Brooklyn à New-York, exposée du 15 juin au 19 juillet à la mairie du IVe arrondissement de Paris dans le cadre du Festival des cultures juives.
« Avec Ben Bensimon mon co-auteur, précise l’artiste, nous avions envie de montrer une autre vision du judaïsme, dans une période où la parole antisémite redevient banale. Par ces images, nous avons voulu poser sur la religion juive, un regard positif, poétique, spirituel et humoristique, une façon de lutter contre les idées reçues. En photographiant ces femmes et ces hommes objets de tant de préjugés, nous avons pu observer leur capacité à l’autodérision et leur aptitude à faire partager leur joie.»
© Sacha Golberger
Les hommes en noir qui portent des chapeaux s’amusent devant l’objectif de Sacha Golberger, à coincer leurs longues barbes dans les portes d’entrée ou de voiture, une pile de livres entre les mains grosse comme une montagne, assis s’ins- truisant sur la machine à laver d’un lavomatic, ils s’amusent campés sur une mobylette, perchés priant sur un poteau, une poubelle de rue, un feu de signalisation, ils s’amusent avec un masque deBatman sur la tête. À travers ces images, ce que l’on voit, c’est l’amour, la joie, le plaisir, la foi, la connaissance et la passion de la transmission. C’est drôle, c’est émouvant. Et cette fois, ici, c’est le sourire qui gagne. »
Julie Estève
© Sacha Golberger