© Yves Hayat
Mark Hachem - Contemporary Art Gallery 44 rue des Tournelles 75004 Paris France
Religions en guerre, femmes en lutte, économie aux ordres de la finance, jeunesse désenchantée, attentats aveugles, journalistes muselés, surveillance tous azimuths. Ce monde voit des Printemps virer à l'orage, des tyrans disparaitre pour être remplacés par d'autres, des gouvernants dépasssés et des grandes marques en guise de valeurs. Un engrenage infernal semble s'enclencher, entrainant les populismes, les droites dures, les intolérances, les replis identitaires, la méfiance de l'autre. L'annonce d'une tempête semble imminente. Sale temps.
Le parcours artistique d' Yves Hayat a des racines pluriculturelles. A commencer par celles de l'enfance égyptienne où naissent les premiers émois esthétiques, les adhésions à des idées et le refus de certaines autres, tout ce qui compose le terreau sur lequel poussera la vie de l'homme et du plasticien en devenir.
Mais après la révolution de 1956, Yves quitte son pays pour Nice et doit appréhender une autre manière de vivre sur une terre qui n'est pas encore la sienne. En 68, il suivra pendant cinq ans les cours de l' Ecole Nationale des Arts décoratifs de Nice.
En 1973, Hayat s'oriente vers le monde de la publicité, alors en plein essor. Il en retiendra, outre le sens de l’innovation créatrice, une fascination pour l'image et l'importance du message qu'elle véhicule. Ces « années Pub » lui permettront de découvrir les multiples facettes qu'offrent les nouvelles technologies créatrices et d'en maîtriser tous les aspects techniques.
© Yves Hayat
1990, retour vers l' Art et la redécouverte des Maîtres anciens. Parallèlement au métier de publicitaire, il photographie à tout va la rue, les gens, les tableaux des musées, récupère les images de magazine et du net qu'il classe méticuleusement. Cette accumulation permanente de documents les plus divers constituera la base de travail de ses premiers travaux personnels. Il commence alors à exposer en galerie, se consacre de plus en plus à sa création personnelle et finit par abandonner son métier de publicitaire en 2002.
Yves Hayat est bien un artiste en adéquation avec son époque, un esprit ouvert sur la rue, attentif à la société, observateur des médias et du monde de l’internet. Cependant il ne se considère ni comme photographe, ni comme peintre, mais se dit « Plasticien », un terme n'existant que dans la langue française et qui qualifie
l'artiste utilisant les techniques les plus variées et les moyens les plus divers pour écrire son oeuvre.
Il précise : « J'avoue m' intéresser plus à la manipulation du réel et à ses images imaginées. Mon travail aux confins de la photographie plasticienne, de l'installation et de la Figuration narrative propose des visions où la part de théâtralisation fait corps avec le projet. Véritable consommateur visuel, je photographie, télécharge, retouche, recadre... bref je mets en scène. Par un jeu de superpositions, de décalages, de détournements, je mets en confrontation le passé et le présent, la beauté et l'horreur, le luxe et la violence, l'indifférence et le fanatisme. J'essaie de concevoir, à travers un questionnement sur les rapports art / politique / médias, des oeuvres critiques où transparaît une attirance plastique pour la culture des médias, du cinéma et de la publicité. Je tente d'élaborer une sorte de constat de notre histoire, de notre société dans ce qu'elles ont conçu, transformé, détruit. Il me semble cependant important de garder à l'esprit que lorsqu'une oeuvre nous met face à notre monde, elle est là aussi bien pour poser une interrogation que provoquer un sourire ou créer un malaise… C' est alors qu'elle échappe au lieu commun ».
Grâce à toutes les techniques qui appartiennent à notre temps (photographie, superpositions d' images, etc...), Yves Hayat crée une oeuvre qui prend ses racines dans le patrimoine culturel humain mais qui, par la force de ses sujets, traduit toutes les dimensions de notre époque. A travers une démarche proprement artistique, Yves Hayat exprime une pensée philosophique, non avec des mots compliqués mais en parlant à nos sens, de façon claire et non torturée. Il met en scène notre condition humaine et notre temps dans ce qu' il a d'essentiel, en en faisant ressortir ses particularités et sa violence.
© Yves Hayat
L' originalité des oeuvres d'Yves Hayat réside dans l'amalgame de la perception artistique avec les images d' une société de communication et d'information. Les titres donnés à ses oeuvres (Business must go on, Parfum de Révolte, les Icônes sont fatiguées, The Shadow of your smile, Femmes au bord de la Crise de Guerre...) véritables détournements de slogans publicitaires, ont pour effet de donner un sens à la pollution idéologique de notre quotidien. Ils dévoilent notre identité et apposent notre propre marque. Aucune célébration de la barbarie mais plutôt la fascination créée par l'ambivalence humaine.