Le saut du chat, Paris, 2010 © Dolorès Marat / courtesy Galerie Françoise Besson
Les oies, Egypte, 2010
© Dolorès Marat / courtesy Galerie Françoise Besson
Dans le travail de Dolores Marat, un chat n’est pas forcément un chat, une femme peut être aussi crocodile, araignée ou encore mouche, et un buisson peut se transformer en chien. Comme le suggère le titre de l’un de ses ouvrages, Illusion, Dolorès Marat aime les chemins de traverse. Si elle photographie toujours la réalité, ce que l’on voit dans ses images ne semble pourtant pas réel. Photographe instinctive, elle ne s’interdit rien et ne s’impose aucune règle, si ce n’est laisser ses impressions la guider. Les images qui jalonnent son parcours depuis trois décennies constituent par conséquent d’une certaine manière la somme de ses émotions : celles ressenties au hasard de ses voyages ou dans sa vie quotidienne.
La promenade de l'éléphant, Paris, 1982
© Dolorès Marat / courtesy Galerie Françoise Besson
Car Dolorès Marat est avant tout une glaneuse. Son appareil ne la quitte jamais mais elle ne sort pas non plus de chez elle avec l’intention de faire des photos. Ce sont avant tout elles qui s’imposent et s’offrent, et l’incitent à déclencher. “Je photographie parce que c’est beau”, explique-t-elle simplement.Et c’est vrai. Que la scène se passe à Paris, en Egypte, en Syrie ou à Rome, peu importe. Dolorès Marat opère comme une magicienne en montrant l’extraordinaire dans le banal, le fantastique dans le normal : ici une vache semble en élévation, là un éléphant se confond avec le décor, ailleurs des oiseaux s’envolent au-dessus d’un panneau où l’on peut lire “Exit”. Les autres personnages principaux de son travail sont la couleur, qui mène souvent la danse, et le flou-bougé dont elle a fait sa patte et qui donne la sensation que les protagonistes de ses saynètes sont en mouvement. Surtout, dans le monde merveilleux de Dolorès Marat,
le temps n’existe pas et la nuit vous enveloppe avec bienveillance...
Sophie Bernard,
2016