Galerie Joseph Antonin 40 rue Emile Barrère 13200 Arles France
© Ulrich Lebeuf
La série Tropique du Cancer présente un point de vue intense et singulier autour de l'intime et de son écriture, en abordant le champ érotique sous l'angle de la disparition et du deuil d'une relation amoureuse. "Il faut détruire ce que l'on aime" disait Oscar Wilde...
Pour reprendre la trame de l’histoire : après une rupture, le photographe Ulrich Lebeuf a entamé, travaillé, creusé la surface des films polaroïds où il avait photographié, enregistré, capturé la présence de sa petite amie de l’époque. Cette volonté d’accidenter volontairement la surface du polaroïd avec des matières acides fait écho à la nature même du polaroïd qui est d’inscrire l’image sur un support unique à partir d’une réaction chimique, mais aussi un dialogue avec la photographie dans son ensemble qui joue sur le « positif » et le « négatif », l’empreinte et le moulage de la lumière à partir justement du caractère fugitif de la vie, de sa part visible et invisible… L’accident est aussi ce qui nous ramène à la modernité et au romantisme, au geste « maudit », à l’inconscient de la relation du peintre avec les modèles : « on ne peut pas comprendre l’accident. Si on pouvait le comprendre, on comprendrait aussi la façon dont on va agir. Or, cette façon avec laquelle on va agir c’est l’imprévu : on ne peut jamais la comprendre, c’est l’imagination technique » (entretien F. Bacon avec M. Duras) ; dans un autre entretien – celui avec D. Sylvester – le peintre décrit également les « violences » qu’il inflige aux visages de ses modèles lorsqu’il rature la matière peinture, efface la couleur, gommant les traits individuels, en précisant qu’elles ne peuvent être faites qu’en l’absence physique justement de ceux-ci, pour ne pas heurter le vivant. Cette dimension de cruauté et d’expérimentation nous renvoie dans la série Tropique du Cancer à une interprétation du champ intime (profane/sacré), une revisitation de l’émoi amoureux (fétiche/altération de l’objet aimé), mais également une mise en valeur du hasard et du plus petit écart contenu dans l’intervalle de la variation, la géométrie du désir.
© Ulrich Lebeuf
Le vernissage de l'exposition aura lieu jeudi 7 juillet à partir de 18h et une dédicace spéciale du livre aux éditions Charlotte sometimes est prévue pendant le vernissage. Le livre sera aussi en vente à la galerie durant tout le temps de l’exposition.
Entrée libre.