© Richard Forestier
Expositions du 27/4/2016 au 15/5/2016 Terminé
La Maison des Métallos 94 rue jean pierre timbaud 75011 Paris France
En 2001 Péchiney annonce brutalement la fermeture de l'usine de Marignac, dont la population avoisine les 500 habitants, et licencie 252 ouvriers. L'usine irriguait de ses activités la vallée de la Pique, située à une centaine de kilomètres de Toulouse, depuis 1917.La Maison des Métallos 94 rue jean pierre timbaud 75011 Paris France
La riche industrie presque séculaire a produit, entre autres, des millions de tonnes de magnésium au rythme féroce d'un mort tous les deux ans depuis 1975 pour ceux qu'on a bien voulu comptabiliser. Il est, en effet, des morts qui ne comptent pas. Le magnésium n'a pas toujours les allures du programme de santé qu'on lui connaît dans la pharmacie à doses infinitésimales, il est un explosif puissant traité dans des fours dont la
température s'élève à 2000°C et Péchiney a été un groupe industriel qui diversifiait des activités aussi rentables que dangereuses (aluminium, chimie, cuivre, combustible nucléaire et aciers spéciaux). Au plus fort de son activité, l'usine de Marignac employait six cents ouvriers travaillant jour et nuit à la cadence soutenue des 3x8h, il ne reste de ce temps prétendu de la prospérité que des bâtiments désolés et quelques collines de terre qui retiennent en leur ventre la silencieuse mais explosive accumulation des déchets les plus toxiques que les habitants nomment adéquatement « le crassier », tant sa composition chimique (béryllium, plomb, zinc, amiante, arsenic, cyanamide) prédit à elle seule la catastrophe.
© Richard Forestier
La catastrophe n'est pourtant pas seulement à venir, elle a surtout eu lieu : électrocutions, chutes mortelles, écrasement des corps par les chargeuses, asphyxie des poumons, cancers provoqués par les hydrocarbures aromatiques polycycliques, autant de visages du travail qu'on croit trop souvent ensevelis dans l'obscurité du XIXe siècle et qui ont pourtant fait le quotidien de ces rescapés de la rentabilité.
Les visages de ces hommes de classe - et classe vaut ici pour la classe ouvrière comme pour la distinction et l'élégance de leur stature - figurent charnellement leurs colères, leurs humiliations, leurs espoirs et les meurtrissures des combats indéfiniment recommencés.
© Richard Forestier
Lefond noir sur lequel chaque identité se découpe autant qu'elle se retire sur l'énigme de chacun ne laisse voir qu'un point commun, la dignité qui tient tête. Si le travail abîme les corps, les peaux, les mains, et les désirs, le regard de ces hommes montre par sa tenue qu'ils méritent le titre de héros que jamais on ne leur concède mais qu'ils continuent de gagner tous les jours de
haute lutte même quand l'usine a, depuis longtemps, fermé, qu'elle n'est plus ouverte qu'au vent qui la désole et aux démolisseurs de mémoire.
Au travers de ces 72 portraits, c'est à ces hommes et femmes qui sortent rarement de l'ombre, que j'ai essayé de rendre hommage, à ces ouvriers et ouvrières que les médias nous font croire disparus en les décrétant invisibles alors qu'ils constituent toujours 23% des actifs en France en 2014.
Richard Forestier
du mercredi 27 avril au dimanche 15 mai 2016
vernissage mardi 26 avril à 19h
du mardi au samedi de 14h à 20h, le jeudi 5 mai et le dimanche de 14h à 19h,
nocturnes mercredi 27 avril et vendredi 13 mai jusqu’à 22h
fermée le lundi et dimanche 1er mai
entrée libre