© Fabrice Fouillet
Imaginons un instant une peuplade isolée du reste du monde, qui ne connaîtrait pas nos conventions de représentation. Imaginons que le premier contact qu'elle ait avec le monde extérieur se fasse à travers des photos dans les journaux ou de l'affichage publicitaire. Ne s'étonnerait-elle pas que les mêmes figures humaines puissent simultanément mesurer quelques centimètres ou plusieurs mètres ? S'attendrait-elle à rencontrer un peuple de fourmis ou de géants ? Ou encore des êtres ayant la capacité de moduler leur taille selon les circonstances ?
© Eric Valdenaire
Nous sommes si habitués à restituer leur juste échelle aux éléments représentés que nous croyons être indifférents à cette notion d'échelle. Mais que nous en venions à perdre dans l'image un repère qui nous permettrait, par comparaison, de rétablir l'échelle, et nous pourrions plonger indifféremment dans le microcosme ou le macrocosme. Afin d'éviter ça, les pionniers de la photographie positionnaient leurs porteurs de matériels dans la photo : utilisés comme marqueurs d'échelle, ils posaient à côté d'un colosse égyptien pour rétablir sa dimension.
Mais au-delà de cette compréhension interne de l'image, il y a la taille de l'image elle-même. Or l'échelle à laquelle nous représentons le monde n'est pas neutre. Et si les techniques de propagande nous ont largement permis d'identifier les effets coercitifs de la monumentalisation, nous sommes peut-être moins attentifs à ceux de la miniaturisation, tant ils sont entrés dans notre quotidien.
Une exposition en forme de démonstration artistique, avec quelques subtiles touches d'humour.
Bruno Dubreuil