Mercredi 27 Janvier 2016 11:10:17 par Caroline Bertolino dans Expositions

C'est dans les forêts pyrénéennes que Bruno Blais se sent bien, seul au petit matin, dans le silence de cette nature sauvage qui transfigure la lueur de l'aube. Ce sont des atmosphères irréelles, des lumières vives de contrejour qui traversent des nuées lactescentes, irradient les sous-bois. Le brouillard enfume les lointains, densifie les profondeurs. La neige exacerbe les rondeurs, outine les reliefs, efface les contours. Les arbres, élancés, brisés, dénudés par l'hiver, ou toujours revêtus, sont la matière vivante de Bruno Blais.

© Bruno Blais

On chemine dans ce paysage silencieux de l'ombre à la lumière avec une certaine sérénité doublée d'une pointe d'inquiétude, car au-delà c'est l'inconnu, c'est le mystère. La forêt est le lieu irréel qui protège, ressource et donne à penser la vie. L'image transcende la nature et nous plonge dans un univers fragile, immatériel et intemporel.

© Bruno Blais

Le cadrage est rigoureux, souvent frontal. L'absence d'horizon encos l'espace sans lointain ni perspective. La succèssion ordonnée de plans en gris veloutés promène l'oeil dans un espace diffus et mystérieux. Le tirage est réalisé sur papier japonais fine art Awagami par le labo Taos. Cette étroite collaboration entre le photographe et le tireur donne un tel rendu, que par la richesse des nuances de gris, la finesse des détails, la profondeur des ombres et des lumières, nous avons l'impression d'être là, dans ce paysage, à la place du photographe, juste au moment du déclanchement. Pour photographier ainsi, il faut l'amour et la compréhension de la nature. Il faut être un infatiguable marcheur à la recherche du moment espéré qui réunit "le sujet-paysage", l'intemporalité et la lumière.