"The Boy With A Camera For A Face" © Spencer Brown
La vie d'un garçon né avec une caméra en guise de tête : c'est là le synopsis du court-métrage The Boy With A Camera For A Face ("Le garçon qui avait une caméra à la place du visage"). Un pari un peu fou, certes, mais un pari réussi pour le réalisateur Spencer Brown qui signe avec ce film satirique un véritable chef d'oeuvre. Acclamé par les festivals, il a remporté de nombreux prix. On ne peut qu'applaudir, nous aussi.
Sous forme de conte initiatique, rythmé par une voie off poétique et captivante, le réalisateur livre une vision à la fois réaliste et romantique de la société. Le court-métrage est bercé entre des instants d'une grande sensibilité - l'apparition floutée de celle qu'il aime et sur qui il n'arrive pas à "faire le point", métaphore sublimée de l'irrationalité de l'amour - et des moments d'une douloureuse lucidité - petit être marginal, il accumule les rejets dans la cour de récréation et auprès des filles. Visuellement très beau, le film est, en toutes circonstances, d'une grande douceur, jouant sur la lumière comme on joue sur les mots. Il a, qui plus est, l'avantage de faire réfléchir : à notre consommation des écrans, à l'aliénation de la société à la téléréalité, à la prolifération incessante des images, à l'omniprésence des systèmes de surveillance, à la dégradation des rapports sociaux. Autants de sujets traités avec subtilité et justesse. Il est grand temps de le découvrir!
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