Vainqueur poids plume des Championnats suisses de boxe, 1916 © Keystone / Photopress-Archiv / Jules Decrauzat
Expositions du 31/1/2016 au 10/4/2016 Terminé
Photoforum PasquArt Seevorstadt 71-75 faubourg du Lac CH-2502 Biel Bienne Suisse
Photoforum PasquArt Seevorstadt 71-75 faubourg du Lac CH-2502 Biel Bienne Suisse
C’est une découverte de taille : près de 1’250 négatifs sur verre datant de la période 1910-1925, conservés dans les archives de l’agence suisse d’images de presse Keystone. On connaissait la qualité de ces photos, mais on ne savait pas grand-chose des circonstances de leur création. Un travail de recherche approfondi permet aujourd’hui d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire de la photographie suisse. Natif de Bienne, Jules Decrauzat (1879-1960), l’auteur de cette œuvre prolifique, est sans doute le premier photojournaliste important de Suisse. Ses prises de vue dans le domaine sportif, notamment des premiers essais de vol motorisé, sont révélatrices d’une société alors au seuil de la modernité.
En 1899, le jeune reporter réussit un grand coup dans le contexte du procès Dreyfus à Rennes : lors de l’attentat perpétré contre l’avocat d’Alfred Dreyfus, il réussit à photographier l’agresseur en pleine action. Une image achetée à bon prix par la revue L’Illustration et qui marque le début de sa carrière internationale – c’est ainsi du moins que Jules Decrauzat décrit lui-même son début dans le photojournalisme. En 1900, il est envoyé en Afrique du Sud pour couvrir la guerre des Boers. Les années suivantes, il voyage en Amérique du Sud, puis sillonne l’Europe comme photoreporter pour le compte de médias français.
En 1910, Decrauzat suit l’appel de la revue illustrée La Suisse Sportive, éditée à Genève, pour laquelle il travaille jusqu’en 1925. Par la suite, il assume divers mandats d’ordre organisationnel – en tant que président de la Commission nationale du sport de l’ACS ou encore, à partir de 1927, comme membre du comité d’organisation du Salon de l’automobile à Genève. De 1929 à 1931, on le retrouve à la rédaction de l’hebdomadaire La Patrie Suisse, qui publie un grand nombre de ses images et articles. Le sport est désormais relégué au second plan. J. Decrauzat documente des manifestations telles que la Fête des Vignerons à Neuchâtel ou le Corso fleuri à Locarno. Il informe sur des expositions d’art et des salons du livre et alimente la rubrique Curiosités Photographiques.
Dans les années 1940 et 1950, les articles de Jules Decrauzat parus dans le Journal de Genève traitent principalement du secteur automobile ou présentent des nouveautés comme les Salons de l’auto de Genève et de Paris. «Oncle Jules», comme on l’appelle affectueusement à Genève, continue de se révéler excellent observateur et causeur agréable. Mais ses années de gloire sont révolues. Le «pionnier du photoreportage et du journalisme sportif», comme l’annonce la Neue Zürcher Zeitung, meurt le 29 juin 1960. Son œuvre tombe rapidement dans l’oubli.
La Suisse Sportive
La majeure partie de l’archive photographique de Jules Decrauzat – elle contenait environ 80'000 négatifs en verre selon certains – demeure introuvable ou a été détruite. Seul 1,5 % semble avoir subsisté, longtemps sous forme de fonds anonyme qui a fini par se retrouver à l’agence Keystone à Zurich par des chemins détournés. Cette partie de l’œuvre du photographe, qui couvre les années 1910 à 1925, date du temps où J. Decrauzat travaillait à La Suisse Sportive. La revue sportive bimensuelle, la première de Suisse, réagit rapidement à l’intérêt croissant pour le sport ; elle laisse une large place à la photographie et Jules Decrauzat est sans doute un des premiers photojournalistes employés fixes intégrés dans la rédaction.