Autoportrait © Vivian Maier
La nourrice franco-américaine, inconnue de tous de son vivant mais devenue photographe reconnue dans la mort, n'a pas fini de faire parler d'elle. Après le documentaire A la recherche de Vivian Maier, sorti en 2013 et co-dirigé par John Maloof, celui qui avait découvert et collectionné ses photographies, Vivian Maier continue d'intriguer. Depuis un an, c'est Ann Marks, ancienne dirigeante d'entreprise à la retraite et nouvelle venue dans le monde de la photographie, qui a décidé de reprendre le flambeau et de se lancer dans l'enquête sur cette photographe, morte il y a moins de sept ans dans l'indifférence générale. Le New York Times a consacré un long http://lens.blogs.nytimes.com/2016/01/12/digging-deeper-into-vivian-maiers-past/?smid=fb-nytimes&smtyp=cur&_r=0v" à la rencontre de ces deux inconnues.
Les zones d'ombres de la vie de Vivian Maier, voilà ce qu'Ann Marks, cherche à éclaircir. Et des zones d'ombres, le parcours de cette nourrice-photographe méconnue n'en manque pas. Avec l'aide de John Maloof et Jeffrey Goldstein, les deux grands collectionneurs de l'oeuvre de Vivian Maier, Ann Marks s'entête dans sa quête : "Je voulais me mettre au défi, et me prouver que je pouvais retrouver quelqu'un. Parce que j'avais le sentiment qu'à l'ère d'internet, quand il y a tellement d'informations, les gens ne peuvent plus disparaître. Et, bien sûr, une fois que j'avais commencé, je ne pouvais plus m'arrêter". Mais plus elle cherche, plus la vie de la photographe devient mystérieuse. Elle fouille négatifs et tirages à la recherche de réponses. Elle retrouve même une ancienne petite fille dont Vivian Maier avait la charge au tout début de ses essais photographiques. Mais cette petite fille, devenue depuis femme, n'apporte aucune nouvelles solutions à l'énigme.
Dans http://lens.blogs.nytimes.com/2016/01/12/digging-deeper-into-vivian-maiers-past/?smid=fb-nytimes&smtyp=cur&_r=0v", Ann Marks, consacre une grande partie de ses recherches à la famille de Vivian Maier. Si l'enfance de celle-ci reste encore très floue, Ann Mark réussit à retracer les premières années de la photographe : fruit d'un mariage malheureux qui ne tarde pas à imploser, délaissée par ses parents, élevées par ses grand-parents, Vivian Maier a grandit aux côtés d'un frère schizophrène et toxicomane dans un environnement familial des plus chaotiques. La quasi absence de photographies de ses parents dans les clichés de Vivian Maier et le peu de références de cette dernière dans les documents et la correspondance familiale attestent de cette enfance malchanceuse et solitaire, mais nous laissent toujours aussi désemparés.
On suppute pourtant que c'est au cours de son enfance qu'elle découvre la photographie. On sait, en effet, que c'est à ce moment qu'elle fait la connaissance de la photographe Jeanne Bertrand. Pourtant cette rencontre n'a pas semblé pousser la jeune fille à embrasser une carrière professionnelle dans la photographie. La vingtaine à peine passée, Vivian Maier, devenue nourrice, relègue la photographie au rang de loisir, une activité qui l'occupe pendant ses congés ou les sorties avec les enfants qu'elle garde, un loisir qui a laissé dans ses sillons des milliers de photographies de rue et de nombreuses interrogations. Ann Marks rappelle que c'est également à cette époque qu'elle achète son premier appareil photo avec l'argent de l'héritage que lui laissent ses deux grand-mères à leur mort et commence à photographier à un rythme effréné, notamment lors de ses déplacements en France.
"Une des préoccupations de Maier était de photographier les femmes âgées de la classe ouvrière - des femmes comme sa mère et sa grand-mère", explique Ann Mark. La photographe vouait-elle vraiment une obsession pour sa famille déchue ? Est-ce la raison qui l'a poussée à vivre une vie si discrète ? Petit à petit, actes de naissance après tirages inédits, Ann Marks est en train de déchirer le voile qui recouvre la vie de Vivian Maier. Pour John Maloof, "elle a repris l'obsession qu'[il avait] en réalisant [A la recherche de Vivian Maier]. Mais elle l'a reprise là où [il l'avait] laissée et l'a poursuivie. Et elle a rempli un grands nombres de vides". Une question, peut-être la plus importante, demeure pourtant : pourquoi Vivian Maier n'a-t-elle jamais révélé ses photographies aux yeux du monde ? Pourquoi garder secrets de si beaux témoignages de son époque ?
Source : http://lens.blogs.nytimes.com/2016/01/12/digging-deeper-into-vivian-maiers-past/?smid=fb-nytimes&smtyp=cur&_r=0v"