© Patrice Bouvier
" Il y a une douzaine d’années, une première série de photographies sur le corps, les « Nus Blancs » a été réalisée en studio. Aborder le nu, c'était plonger dans une catégorie classique de l'art,souvent magnifié, mais aussi tellement dévoyée. A l'instant de la vue première sur le premier modèle, dans la relation instaurée dans l'intimité du studio, dans le corps à corps des regards, face au déploiement du nu dans l'espace, j'ai su que je necaresserai pas la peau simplement des yeux, qu'il me faudrait pénétrer l'enveloppe charnelle, être le passeur des désirs photographiques de la relation dans un au delà ,ou en deçà de la peau sans y touche, se barbouiller des sensations, m'éblouir de la blancheur, m'y brûler les yeux même dans des valeurs impensables, se fondre, se confondre dans les plans de la chair, et du fond, évacuer pour mieux piquer.
Dans les « Nus Noirs », c’est avec le même fil d’Ariane que j’ai renoué. Des analogies de formes sont apparues sur les planches de contacts, mais en une totale inversion des valeurs. Là où le blanc permettait de pénétrer la frontière de la peau, pour se situer dans un au-delà, au-dedans du corps, aboutissant à une quasi-fusion du corps et du fond, ici le fond se fend d’une déchirure, qui laisse apparaître un fantôme de nu. A l’éblouissement répond le mystère. Des formes jaillissent, se dilatent, se concentrent ; le « moi - peau » se dédouble, emprisonne, expanse, ex-p(e)nse la chair, le corps, ce corps, notre Autre, en une iconographie à sens, multiple, animal, sensuel ou érotique. Le Nu doit être un portrait comme le Portrait doit être un nu. "
Nu noir © Patrice Bouvier
Armé d’un appareil numérique, œil au bout de mon doigt, j’ai photographié ces espaces-temps de cet univers sans bord, sans échelle, au gré de mon regard anthropomorphique. Sans mère, ni père connus, naissent dans le dédale du temps ces palimpsestes d’images, qui s’accrochent ou disparaissent aux volontés de je ne sais quels prédateurs. Aux murs d’une boîte de pétri sans danger, se développe le mix-remix d’une vie graphique.Fin de parcours d’une chaîne de production créative photographies deviennent alors une résurrection de l’affiche en un peuple d’art urbain. " Patrice Bouvier
© Patrice Bouvier