© Christian Janicot
Expositions du 10/11/2015 au 20/12/2015 Terminé
Galerie du Pont Neuf 23, Place Dauphine 75001 Paris France
Pour ce travail de Christian Janicot tout commence par une carte de voeux, forme accomplie de l’ironie et du détachement, les voeux ne changent rien aux années qu’ils annoncent. C’est un usage récurrent qu’il convient de rejouer avec légèreté et pleine conscience. Identifier ou associer des signes qui témoignent de son état d’esprit, de ses voyages, des lieux qu’il comprend, additionne et entreprend d’envoyer à ses amis.Galerie du Pont Neuf 23, Place Dauphine 75001 Paris France
A cette fabrication spontanée vient se développer un travail sur une photographie plus captive, faite de natures mortes, de vitrines, de fenêtres. Une photographie d’images qui mobilisent une grande culture visuelle et beaucoup d’excentricité aussi.
© Christian Janicot
Enfin la dernière part de ce travail débute par des croquis extrêmement précis qu’il reproduit ensuite en studio avec le concours de modèles ( à ce titre on devra dévoiler l’existence de nombreuse photographies pourtant jamais réalisées ainsi que de certains succès fort éloignés de leur origine, talent des modèles et imprévisibilité de la photographie obligent ).
Bien sûr rien n’interdit une certaine perméabilité entre ces trois catégories de photographies. C’est vrai pour la lecture individuelle des images, ça l’est plus encore pour l’accrochage de l’ensemble exposé aujourd’hui, construit autour de séquences d’images associées trois par trois.
Une syntaxe qui fait directement référence aux haïkus, rend hommage à la pensée en mouvement et ouvre la possibilité d’une narration au delà des images.
© Christian Janicot
« Tout est une fois » est une série empreinte de reconstruction.
Que fait cette figurine de plomb, les bras écartés au centre d’une image? La circulation de notre regard? La toupie arrêtée?
Une jolie femme nue fait le poirier, un pullover tombé au bas de l’image se mêle à ses cheveux. Qui est elle ?
A la fenêtre une silhouette de dos, droite, domine une cascade de buildings lointaine. Où sommes nous ?
Pulsion heureuse, reconstruction d’un monde à toute petite échelle, paysage urbain qui tient dans la main?
Tout est ici question de reflet. Pas dans le verre dépoli d’un Rolleiflex mais, plus quotidien, à la surface brillante d’un smart phone, plus que jamais miroir et inventeur d’un monde que Christian Janicot reconnaît et regarde.
Des reflets frontaux ou obliques viennent tour à tour capturer et transformer les images en rêve parfait ou déjà en fuite. Une collection de signes heureux, justes, opposés à l’arrêt du temps cher à la photographie, qui s’additionnent sans souci apparent de genre ou d’époque.
Jeux de piste urbain, images d’images, on est au seuil de mondes inventés, forcément incomplets, où l’irruption du réel ne vient pas de ce qui serait sauvé ou préservé par l’image mais de la furieuse envie d’aller rejoindre ces mondes, d’entrer dans les photographies et s’assurer que tout y est invention.
Comme dans la vitrine de cette diseuse de bonne aventure new-yorkaise où « Past, Present, Future» écrit au fil néon hypnotise et donne le sentiment étrange d’une lumière qui prend sa source hors de la photographie. Le reste, d’un gris sourd, presque solarisé remplit le fond de l’image: boulle de cristal, rideaux, lustre à pampilles anciennes et promesses de boniments infinis. Retour au présent face au néon « Past, Present, Future».
Un temps, une image, la magie de la photographie.
Ouverture ces samedi 28 et dimanche 29 novembre de 10h à 20h en présence de Christian Janicot et Thomas Doubliez